L’interdiction du port de voile et autres signes religieux sera-t-elle étendue aux universités françaises après sa mise en application ‘’réussie’’ en 2004 dans les collèges et établissements secondaires ? La question d’une grande sensibilité a été relancée par un rapport du Haut conseil à l’intégration (HCI) à paraître fin juin, et ne cesse de semer le trouble chez nombre d’universitaires et de politiques qui fustigent une approche teintée d’islamophobie.
Le rapport, dont de gros passages ont été publiés par la presse, dénonce les entorses faites au principe de laïcité et à la neutralité religieuse dans les universités françaises. Il s’attarde sur de nombreux contentieux intervenus dans tous les secteurs de la vie universitaire allant du port de signes d’appartenance religieuse, à l’octroi de lieux de culte ou de locaux de réunion à usage communautaire, en passant par la contestation du contenu des enseignements, la récusation de la mixité tant au niveau des étudiants que des enseignants, et l’exigence de respect des interdits an niveau de l’alimentation..
Le HCI étale plusieurs recommandations, dont l’interdiction ‘’dans les salles de cours d’enseignement supérieur, des signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse’’. Une recommandation qui vise essentiellement le port du voile islamique.
Jugé discriminant par le Conseil français du culte musulman (CFCM), l’organe représentatif des musulmans de France, et illégal par l’Observatoire contre l’islamophobie, le rapport piétine sur un principe fondamental des droit de l’homme, à savoir la liberté d’expression qui reconnaît aux étudiants, en vertu de l’article 50 de la loi du 26 janvier 1984, le droit d’exprimer leurs convictions religieuses à l’intérieur des universités, mais interdit d’exercer des pressions sur les autres membres de la communauté ou de créer des perturbations.
Les réactions suscitées par le rapport au sein du monde universitaire et politique, désapprouvent dans leur ensemble la mise en application du projet qui pointe du doigt la communauté musulmane en premier lieu.
Pour les organes universitaires, dont la Conférence des présidents d’universités (CPU), il s’agit d’une ‘’mauvaise idée’’ qui fait qu’on traite un non-problème par une loi. L’université, contrairement à l’école’’, doit rester le lieu de la confrontation des idées et de la tolérance, s’est justifié le CPU dans un communiqué.
Même conviction chez le syndicat national de l’Enseignement supérieur qui a réagi dans un communiqué :‘’ Oui à la laïcité mais oui aussi au respect des convictions’’.
Les politiques de gauche comme de droite hésitent, quant à eux, à trancher définitivement la question, laissant pour certains la porte ouverte à une modification de la loi de 2004, à l’image du ministre de l’Intérieur, qui juge les propositions du HCI ‘’dignes d’intérêt’’. ‘’Je suis partisan d’une laïcité qui nous permet de vivre ensemble, qui permet d’émanciper les femmes’’, a-t-il précisé, sans aller jusqu’à soutenir ouvertement les partisans d’une loi interdisant le port du voile à l’université.
Ce discours à demi-vérité, s’inscrit pour nombre d’intellectuels et des militants contre la discrimination et pour les droits de l’homme, s’inscrit dans le contexte d’une idéologie d’exclusion favorisée par des stigmatisations, des amalgames et autres diabolisations, dont certains hommes politiques, intellectuels et professionnels de médias se sont fait les adeptes ces dernières années. Contexte aussi d’une xénophobie d’Etat marquée par les différentes lois sur l’immigration qui se succèdent depuis plusieurs années.






