Paris avait annoncé, en septembre, la réduction du nombre de visas accordés aux ressortissants de l’Algérie et de la Tunisie, en raison du refus de ce pays de délivrer les laissez-passer nécessaires au retour des personnes refoulées de France. Pour l’éditorialiste Franz-Olivier Giesbert, La France ne doit rien à l’Algérie.
Victimes collatérales du régime d’Abdelmadjid Tebboune et du système en général, des milliers d’exilés algériens, souvent des jeunes leurrés par des réseaux mafieux, sont poussés vers l’immigration clandestine, après avoir subi un calvaire d’humiliations et de mauvais traitements.
L’éditorialiste Franz-Olivier Giesbert s’interroge dans le dernier numéro du magazine Le Point : «Est-ce la faute de l’Europe si tant de migrants affluent vers elle en tristes et longs cortèges, comme on peut le voir sur les voies ferrées du côté de Menton ou de Roquebrune? À en croire les bien-pensants, ce serait la faute de la colonisation, qui aurait épuisé les ressources et cassé les économies des pays qu’ils fuient. Foutaises! Nos directeurs de conscience, qui ne sont jamais à une calembredaine près, oublient que la décolonisation est déjà une vieille histoire. Faut-il être borné pour estimer que la France peut être tenue pour responsable des difficultés de l’Algérie contemporaine, alors qu’elle a quitté ce pays il y aura soixante ans l’an prochain?»
Pour lui, «Si l’Algérie en est là, n’est-ce pas la faute de la mafia islamo-marxiste du FLN qui, depuis l’indépendance, en 1962, n’a cessé de détourner l’argent du pétrole et du gaz algériens ? Aux exceptions près de Boudiaf, du général Zéroual et du Bouteflika des premiers temps, tous ou presque ont mis le pays en coupe réglée – par ici la monnaie» et de tonner : «Or on n’a jamais demandé de comptes à ces goinfres, passibles de la procédure des biens mal acquis, qui osent nous demander des excuses !»
Le journaliste épingle l’approche mémorielle du président français Emmanuel Macron : «Sous son règne, l’histoire officielle de l’Algérie est devenue un copié-collé des balivernes que les descendants des prévaricateurs du FLN enseignent dans leurs écoles. En Algérie comme en Afrique ou en Orient, les vrais responsables de l’immigration massive ne sont presque jamais montrés du doigt: ce sont pourtant les gouvernants des pays d’origine qui, à force de concussion et d’impéritie, ont désespéré leur jeunesse.»
Le dissident Ali Bensaad avant écrit avant quelques semaines que «les pratiques autoritaires et prédatrices du régime ont fini par dilapider le capital de sympathie dont bénéficiait le pays et lui aliéner ses soutiens», affirmant aussi qu’«il y a une fuite en avant dans un tout-répressif qui accentue les fissures de l’édifice national. L’instrumentalisation de la question régionale, notamment kabyle, n’est pas la moins dangereuse pour la cohésion nationale. Cela se traduit, à l’international, par la multiplication des tensions régionales et le recours à des casus belli, dans une sorte de prophétie autoréalisatrice de « forteresse assiégée » qui justifierait les déboires du régime et le légitimerait par l’épouvantail du danger extérieur. La fébrilité de cette fuite en avant laisse craindre que ne soit plus exclue l’option d’une guerre, avec l’illusion, classique, qu’elle pourrait renflouer son déficit de légitimité et ressouder autour de ce dernier une population qui, depuis le 22 février 2019 [début du Hirak], lui tourne le dos.»