Le 7 janvier 2019, un groupe d’une dizaine de militaires avait lancé un appel à la radio-télévision nationale disant vouloir sauver le pays du «chaos».
Les auteurs présumés d’une piteuse tentative de coup d’Etat en janvier 2019 au Gabon ont affirmé jeudi 24 juin à leur procès qu’ils voulaient ainsi empêcher un putsch d’un frère du président Ali Bongo Ondimba, alors en convalescence après un AVC.
Mais le président de la Cour spéciale militaire de Libreville, qui juge les neuf coaccusés, a rejeté jeudi les requêtes de leurs avocats pour faire comparaître le colonel Frédéric Bongo, selon un journaliste de l’AFP présent à l’audience.
Au moment du coup raté, l’officier était le chef du plus puissant des services de renseignements du pays. Il avait été écarté du premier cercle du pouvoir neuf mois plus tard, pour être nommé attaché militaire de l’ambassade du Gabon en Afrique du Sud.
Le 7 janvier 2019, un groupe d’une dizaine de militaires, mené par le lieutenant Kelly Ondo Obiang, membre de la garde républicaine (GR), l’unité d’élite et garde prétorienne du président, avait appelé sur les ondes de la Radio-télévision gabonaise (RTG) au soulèvement populaire, disant vouloir sauver le pays du «chaos».
Mais ils n’avaient été suivis par personne et la tentative de putsch avait rapidement tourné court. Deux putschistes avaient été abattus par les forces de sécurité et Kelly Ondo Obiang arrêté comme huit autres militaires.
«Empêcher une tentative de coup d’Etat»
Les neuf accusés, jugés depuis le 18 juin notamment pour «atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat» et qui risquent la prison à vie, ont affirmé à la barre qu’ils voulaient empêcher Frédéric Bongo de prendre le pouvoir par les armes et dénonçaient notamment la présence de «mercenaires» sur le territoire, selon leurs avocats.
«Le mobile de mon client est qu’il a empêché une tentative de coup d’Etat, on ne conteste pas l’infraction, mais on tente de l’expliquer», a déclaré à l’AFP Anges Kevin Nzigou, l’un des avocats de la défense.
Ali Bongo se trouvait alors en convalescence au Maroc, à la suite d’un grave AVC deux mois plus tôt. Il avait disparu du paysage politique de longs mois et, durant cette absence, son directeur de cabinet, le Franco-Gabonais Brice Laccruche Alihanga, était devenu le véritable homme fort du Gabon.
Après le retour de M. Bongo sur le devant de la scène, M. Laccruche a été écarté progressivement du sommet du pouvoir jusqu’à son arrestation en décembre 2019 dans une vaste opération anticorruption baptisée Scorpion, de même que plusieurs ministres et hauts responsables réputés ses proches. Il est toujours emprisonné, visé par divers chefs de corruption et détournements de fonds publics, et un premier procès s’est ouvert fin avril.
Ali Bongo Ondimba, 62 ans, a été élu en 2009 après le décès de son père Omar Bongo, qui a dirigé sans partage ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale pendant près de quarante-deux ans. Il a été réélu en 2016.