Le ministère espagnol des Affaires étrangères a convoqué, jeudi matin, des diplomates de l’ambassade du Maroc à Madrid pour leur demander « officiellement » des explication sur l’expulsion de cinq juristes espagnols qui se sont rendus au Maroc pour exprimer leur solidarité avec les prisonniers de Gdeim Izik.
Selon la presse espagnole, lors de cette réunion, les responsables du ministère ont exprimé leurs « préoccupations, » au sujet de cette mesure.
Les cinq juristes espagnols faisaient partie d’un groupe de juristes européens, interpellés mercredi avant d’être expulsés du royaume pour trouble à l’ordre public. Les autres sont de nationalités française et belge.
« Les concernés représentant le soi-disant collectif international des avocats en soutien aux détenus (du camp) de Gdeim Izik sont entrés au Maroc pour semer le trouble et porter atteinte à l’ordre public », a précisé la wilaya de la région de Rabat-Sale-Kenitra dans un communiqué.
Ce collectif devait animer jeudi une conférence de presse « pour dénoncer l’injustice subie par les détenus sahraouis », selon un communiqué de Me Joseph Breham, membre du comité et avocat à Paris, cité par l’AFP.
Parmi les juristes concernés figurent l’avocate française Me Ingrid Metton, le professeur de droit international belge, Eric David, le magistrat espagnol Jesus Maria Martin Morillo, ainsi que les avocats espagnols Maria Nieves Cubas Armas, Juan Carlos Gomez Justo et Altamira Guelbenzu Gonzalo
Selon des sources diplomatiques espagnoles citées par la presse, l’intervention du consul général d’Espagne au Maroc, Rafael Fernández Pita, qui a pu rencontrer les juristes à leur retour à l’hôtel, a réussi à retarder leur expulsion jusqu’à ce jeudi.
L’ambassade d’Espagne à Rabat a également contacté les autorités marocaines pour leur demander des « explications officielles », indique-t-on de même source.
A noter que 13 prisonniers du groupe dit Gdeim Izik, purgent de lourdes peines de 20 ans à perpétuité, à la prison de Salé1, pour leur implication dans les émeutes qui ont lieu en novembre 2010 à Laâyoune et qui ont fait 11 morts et 159 blessés parmi les forces de l’ordre ainsi que 2 civils tués. Mercredi, ils ont déclaré avoir mis fin à leur grève de la faim entamée il y a 37 jours.
Ces prisonniers auraient ainsi mis fin à leur mouvement « suite à un engagement » pris mardi par les autorités marocaines, via le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) « d’accélérer le processus judiciaire devant la Cour de cassation », et de « respecter totalement leurs droits en tant que prisonniers politiques », a annoncé mercredi leur comité dans un communiqué.
Réagissant, jeudi, à ce communiqué, la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR) affirme n’avoir fait « aucune concession, ni pris aucun engagement »avec ces prisonniers qualifiant, encore une fois, leur prétendue grève de la faim de « factice, visant à induire en erreur l’opinion publique et ce, en se faisant passer pour des victimes ».