La chef de la diplomatie espagnole a affirmé mardi 4 mai que les relations avec le Maroc, qui reposent sur un large partenariat stratégique, ne seraient pas affectées par l’accueil en Espagne du leader séparatiste pour y être soigné. Les victimes de Ghali réclament que la stricte justice soit exercée envers lui tandis que l’affaire de l’homme malade du Polisario se heurte contre les lenteurs calculées de Madrid à en dévoiler les contours.
Les pouvoirs exécutif et judiciaire espagnols sont soumis à une rude épreuve. Alors que Madrid se donne une peine incroyable pour prouver à Rabat que la présence de Brahim Ghali sur son sol obéit à des «raisons strictement humanitaires», Arancha González Laya s’est exprimée sur cette question avec beaucoup de réserve : «Le Maroc a obtenu toutes clarifications qu’il a souhaitées sur la présence de Brahim Ghali en Espagne. Lorsqu’elles ne seront plus d’actualité, il quittera le pays» a précisé la chef de la diplomatie espagnole avant d’ajouter : «la position de l’Espagne à l’égard du Maroc est stratégique et n’a pas changé: amitié, coopération et partenariat étroit entre deux voisins et partenaires distingués.»
Arancha González Laya a confirmé, aujourd’hui, mardi, que si la justice espagnole veut convoquer Brahim Ghali, le gouvernement n’y interférerait pas et que l’indépendance de la justice «est entière». Au Maroc, le Ghaligate rassemble tous les éléments d’une tragi-comédie à caractères, mêlée d’intrigues et d’arrangements douteux entre l’Algérie et l’Espagne. Madrid est accusée de mener «une politique souterraine marquée au coin de la faiblesse ou de la duplicité, agissant par procédés dilatoires sans bonnes raisons apparentes» dans le cadre de cette affaire. La ministre espagnole a estimé que l’accueil par son pays du leader séparatistes n’a pas affecté les relations entre les deux pays, précisant que Madrid avait fourni à Rabat «des explications appropriées».
Les déclarations de Laya interviennent au moment où Nasser Bourita a déclaré que le Maroc attend toujours une «réponse satisfaisante et convaincante» du gouvernement espagnol concernant sa décision d’autoriser à Brahim Ghali, qui est suivi par la justice espagnole sur fond de crimes de génocide et de terrorisme, de séjourner au pays.
Le juge d’instruction de la Cour nationale espagnole avait ordonné de vérifier si le chef du «Polisario» était présent sur le sol espagnol avec une fausse identité et de papiers falsifiés, avant de se prononcer sur la question de sa convocation.
Des médias espagnols ont déclaré que le juge n° 5 du tribunal de l’Audience nationale n’avait pas, en principe, refusé de convoquer Brahim Ghali afin d’enquêter sur les charges retenues contre lui, sur la base de la demande de l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme, après qu’il en eut eu connaissance. Le militant sahraoui Fadel Barika, dont la plainte a été acceptée par la justice espagnole en avril 2020, accuse le chef des séparatistes d’être responsable de son enlèvement durant la période du 18 juin 2009 au 10 novembre de la même année.
Nasser Bourita a déclaré que le Maroc et l’Espagne sont déjà unis par un «partenariat global: politique, économique, commercial, humanitaire et sécuritaire», dénonçant par des traits piquants le courant si empressé de faire valoir des prises de position si désintéressées des bons principes et «qui milite en faveur d’une relation sélective».
Jeune Afrique avait affirmé de Brahim Ghali, âgé de 73 ans et qui souffrirait d’un cancer, a été hospitalisé d’urgence le 21 avril en Espagne, à Logroño (nord), sous un nom d’emprunt algérien. Le ministère espagnol des Affaires Etrangères a ensuite indiqué que le chef du Polisario avait été «transféré en Espagne pour des raisons strictement humanitaires afin de recevoir des soins médicaux», sans autre précision.
«Sans parler du fâcheux exemple que donnait un tel précédent, comment faire entrer cet individu dont les mains encore toutes tachées du sang de ses opposants sur le sol espagnol ; d’autant plus que Madrid n’a apporté dans ce choix aucun ménagement pour rendre son abord plus acceptable ? Ce problème même une fois surmonté, restera une difficulté plus grave, celle placer la moindre confiance dans le gouvernement de Madrid. Comment se fier à un pouvoir qui se joue les intérêts les plus élémentaires du Maroc» note une source proche du dorissier.