La formation d’un nouveau gouvernement de coalition issu du scrutin législatif du vendredi 7 octobre dernier fait l’objet, depuis quelques jours, de tractations et de consultations menées par le vainqueur de cette élection, le Parti justice et développement (PJD) qui, avec 125 sièges sur les 395 que compte la Chambre des représentants, a besoin d’alliés pour atteindre la majorité.
Le chef du PJD et chef du gouvernement sortant Abdelilah Benkirane a déjà reçu chez lui les dirigeants du Mouvement populaire (MP), du Parti du progrès et du socialisme (PPS), et de l’Istiqlal (PI), respectivement Mohand Laensar, Nabil Benabdellah et Hamid Chabat. Si ce dernier ainsi que Laensar ont affirmé que rien n’est encore joué concernant leur participation à un gouvernement Benkirane bis et ce, jusqu’à la réunion de leurs instances prévues le 22 octobre pour le premier et le 29 octobre pour le second, ce n’est pas le cas de Benabdellah, lié au PJD par le pacte « pour le meilleur et pour le pire ».
Avec ces trois partis, Benkirane aura donc sa majorité, et tout porte à croire qu’ils feront partie du nouveau gouvernement même si les dirigeants du parti de l’Epi (27 sièges) et de la Balance (46 sièges) aiment faire durer le suspense, sachant que, contrairement à ce qu’ils prétendent, ce ne sont pas les intérêts des citoyens et de la nation qui les préoccupent, mais plutôt les maroquins en jeu. Et si négociations il y a, c’est surtout sur le nombre et la nature des postes à pourvoir, le reste ce n’est que du bal bla et les marocains le savent très bien. En effet, être dans un gouvernement, donne plus de visibilité aux partis, que dans l’opposition, et cela les formations politiques habituées à siéger dans l’exécutif comme le MP et le PI en sont conscients, même si ce dernier avait claqué la porte en 2012 au gouvernement Benkirane. Quatre ans dans l’opposition, ça suffit car l’addiction au pouvoir finit toujours par prendre le dessus.
Quant à l’Union socialiste des forces populaires (USFP), en chute libre avec 20 sièges seulement, il devra s’exprimer après la rencontre prévue ce mardi en début de soirée entre Benkirane et Driss Lachgar. Celui-ci a d’ailleurs rencontré, à deux reprises, son ancien partenaire dans le bloc démocratique Chabat, ce qui laisse supposer que ce dernier aimerait bien l’avoir avec lui dans le gouvernement plutôt que de l’abandonner dans l’opposition. Dans un tel cas, le banc de l’opposition comptera l’ennemi juré du PJD, le Parti authenticité et modernité (PAM) qui a vu la victoire lui passer sous le nez, l’Union Constitutionnelle (UC) et le Rassemblement national des indépendants (RNI), un parti qui n’est plus en odeur de sainteté auprès de Benkirane à cause du traitement subi par ce dernier de la part de son dirigeant Salaheddine Mezouar. Ce chef de la diplomatie sortant a préféré cracher dans la soupe plutôt que poursuivre son aventure avec les islamistes.
Si un tel scénario venait à se concrétiser à savoir, un gouvernement composé du PJD, du PPS, du MP, de l’Istiqlal et de l’USFP, on assistera ainsi à une équipe somme toute normale et naturelle entre les partis issus de la légitimité populaire- nonobstant leur référentiels- et ceux dits administratifs. Une sorte de bipolarisation mais avec une pléthore de partis
Dans tous les cas, tout ce que les marocains espèrent, c’est que les consultations et les tractations en cours n’accouchent pas d’un mammouth et d’une pléthore de ministres pour satisfaire tout le monde, et qui devront se bousculer pour figurer sur la photo traditionnelle avec le chef de l’Etat, le roi Mohammed VI. Une aussi grosse équipe ne fera que décevoir ceux qui ont pris la peine de se déplacer aux urnes, pleins d’espoirs, et ceux qui se sont abstenus car fatigués de voir ces politiciens se servir à leur guise.