L’espace d’une semaine a été marqué par une mission du FMI (le 13 décembre) et une note distribuée par Fitch Ratings (le 20 décembre) concernant l’endettement et la santé économique du Maroc. Si la perspective de stabilité et de relance en ressort, (bien que le Maroc, ayant perdu son « Investment grade » en 2020, confirme la catégorie spéculative « BB+ ») elle est sujette à conditions pour être effective : indicateurs de développement, de bonne gouvernance, de mise en œuvre des réformes structurelles, de la réduction du déficit budgétaire global et du rapprochement du ratio de la dette au PIB à des niveaux ante-covid19.
Ces piqures de rappel sont utiles. Car si le gouvernement est entièrement tourné vers la réussite de l’Etat social, il est nécessaire de faire plus que la protection sociale. Il est aussi primordial de décliner les financements du plan de relance, sans recourir à plus d’endettement.
C’est également ce que différents députés ont demandé à certains ministres lundi 20 décembre, lors de la séance des questions orales au Parlement. Elles ont concerné des secteurs clés : Tourisme, Artisanat, Agriculture, Industrie et Economie sociale.
Il résulte de cette séance que les départements ministériels traitent par à-coups les crises dans le contexte de la pandémie comme des indemnités mensuelles ponctuelles de 2000 dhs, octroyées par exemple, aux salariés du tourisme touchés par l’inactivité des structures qui les emploient. Ainsi la ministre du Tourisme a émis un « Inshallah les solutions seront trouvées » aux questions précises sur les objectifs de relance. Les mêmes questions ont concerné l’industrie, les TPME, l’agriculture ainsi que la progression des prix (comme les engrais azotés et phosphatés).
Le Inshallah de Fatim-Zahra Ammor sera repris par Mohamed Sadiki à chaque prévision émise de sortie de crise malgré le déficit pluviométrique actuel de 61% qui risque de compromettre l’année agricole. Force est de reconnaître que l’analyse de Najib Akesbi sur la fragilité du montage de la loi de Finances 2022 bâtie sur certaines hypothèses majeures dont la récolte céréalière qui impacte toute l’économie marocaine, était juste.
Cette séance parlementaire a montré que la relance tant promise interpelle les députés sur son effectivité, ses délais et son financement.
Or en aout 2020, ce plan de relance a été articulé autour de deux composantes : le financement bancaire à hauteur de 75 milliards et le fonds Mohammed VI pour l’investissement à hauteur de 45 milliards (dont 15 milliards avancés par l’Etat et 30 milliards, devant être collectés). La mise en œuvre de ce plan global n’est toujours pas effective, à part sa composante sociale (de protection sociale). Pourquoi cette discontinuité dans sa mise en œuvre, qui ne cadre pas avec la continuité essentielle aux politiques publiques ?
La réponse au financement de la relance viendra-t-elle avant le seuil des 100 jours du nouveau gouvernement ? Pour une relance effective, après une relance Inshallah. Qui sait ? Peut-être qu’il nous annoncera une solution miracle, la découverte d’un gisement important de pétrole et/ou de gaz au vu des forages que multiplient les sociétés britanniques.
Place à la prière des hydrocarbures, après la prière de la pluie.