Le pire que craignaient les marocains est arrivé. La nouvelle équipe gouvernementale qui vient enfin de sortir du tunnel, en ce jour béni de mercredi 5 avril, soit six mois après le scrutin législatif du 7 octobre dernier, n’a rien à envier à la précédente en ce sens qu’elle est aussi pléthorique, certes moins misogyne avec 9 portefeuilles qui tombent dans l’escarcelle de celles qui représentent la moitie de la population. Pas de quoi les consoler ces femmes, car sur les 9 heureuses élues, seule une est nommée ministre, en la personne de la pjdiste Bassima El Hakkaoui, qui garde son département de la famille, alors que les 8 autres devront se contenter du poste de ministre délégué.
Ces « triates » qui auront du mal à « illuminer » un milieu macho
Le gouvernement du « sage » El Othmani ne semble pas avoir tenu compte des recommandations et des espoirs d’une centaine d’ONG féministes qui, pas plus tard que mardi, ont signé un communiqué appelant ce dernier à faire en sorte d’assurer une parité au sein de la nouvelle équipe. Ces « triates » (lustres) comme les qualifiaient l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, éclipsé de la scène politique et tombé presque dans les oubliettes, auront beaucoup des difficultés à illuminer ce gouvernement, même si elles doivent se réjouir de voir leur nombre revu à la hausse. Le temps n’a pas encore mûri pour qu’elles soient élevées au rang de ministre, ce maroquin réservé aux machos que sont ces hommes quels que soient leurs couleur politiques.
Qui a parlé d’équipe homogène, cohérente etc..?
En attendant que cette nouvelle équipe s’installe pour certains, et se réinstalle pour d’autres, ou change d’adresse pour le reste, il ne faudrait pas s’étonner de voir le souriant Saadeddine El Othmani faire les louanges de son équipe « homogène, forte, et harmonieuse dont le seul souci est de servir les intérêts de la nation et des citoyens ». Il ne faudrait également pas s’étonner de voir cette équipe « homogène, harmonieuse etc.. » se disloquer au fil de ce qui reste de son mandat, à savoir 4 ans et six mois, et peut être même se livrer à des diatribes entre elles comme ce fut le cas lors du gouvernement précédent où les noms d’oiseaux volaient si bas dans l’enceinte du parlement et parfois même en plein conseil de gouvernement.
Ironie du sort, le nouveau look du gouvernement rafistolé, fait le même effet que celui du complexe Mohammed V de football à Casablanca. Alors qu’on avait annoncé en grandes fanfares que le bain de jouvence auquel il a été soumis pendant plusieurs mois d’arrêt pour travaux, les spectateurs ont réalisé qu’en fin de compte, ce n’était que du saupoudrage, et que ceux chargés de le rendre plus attrayant, ont tout simplement omis de prévoir des rampes pour les handicapés, tout comme au nouveau gouvernement où l’on a omis de consacrer un ministère tout entier aux handicapés dans un pays où chaque famille compte parmi elle une personne à mobilité réduite.
Tout ça pour ça!
Un gouvernement de 38 ministres et ministres délégués provenant de six partis (PJD, RNI, PPS, MP, UC et USFP), avec certains qui rempilent et font ainsi du surplace, des femmes pour amuser la galerie, des têtes dont on espérait se débarrasser et qui sont connus pour la langue de bois- ils se reconnaîtront- des nouvelles figures comme Mohamed Sajid de l’UC auquel on a confié le ministère de l’artisanat qui regorge de « khouls » de quoi satisfaire sa consommation personnelle, voilà de quoi retourne ce gouvernement. Mais les marocains doivent s’estimer heureux de ne pas voir des dinosaures figurer dans la nouvelle équipe tels les Driss Lachgar ou encore Hamid Chabat ou encore Mhand Laensar.
C’est toujours ça de gagné.