«Inexcusable. Emmanuel Macron a décidément le goût des mots à double lecture» écrit le journaliste Guillaume Tabard qui remet en cause des efforts mémoriels à sens unique.
«Celui choisi pour qualifier la répression de la manifestation organisée par le FLN le 17 octobre 1961 souligne l’inconfort des lignes de crête. En affirmant – par un communiqué et pas dans un discours, nuance significative – que les “crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République”, le chef de l’État a été plus loin que son prédécesseur, François Hollande, qui, il y a neuf ans, le premier, avait dit : “La République reconnaît avec lucidité ces faits.” Le président socialiste les avait reconnus, son successeur les a qualifiés» écrit le journaliste Guillaume Tabard dans un billet publié sur Le Figaro.
Son analyse est sans concession : «puisque ces faits sont inexcusables , il n’y a donc pas d’excuses à présenter aujourd’hui pour ce qui s’est passé il y a soixante ans – et, a fortiori, pas de demande de pardon -, contrairement à celles, légitimes, présentées aux harkis il y a à peine un mois» ajoute-t-il.
Trop de concessions tue les concessions. Trop loin pour les uns, pas assez pour les autres. «Sur la manifestation du 17 octobre, la vérité, aussi dure voire honteuse soit-elle pour les autorités françaises, devait-elle faire abstraction des pressions et intimidations exercées par le FLN sur les Algériens déjà établis en France ? Ou s’abstenir d’un bilan chiffré qui, bien évidemment “inexcusable” pour reprendre les mots de Macron, est loin des extrapolations qui ont alimenté durant des décennies le procès contre la répression de cette manifestation ?» s’interroge le journaliste.
«Pourquoi n’avoir pas mis en regard, comme l’a rappelé Valérie Pécresse, les assassinats de policiers par le même FLN, les massacres d’Oran ou de la rue d’Isly, aussitôt l’indépendance algérienne proclamée, contre des pieds-noirs ou des Algériens pro-français ? L’autre objectif aurait pu être d’aider à l’apaisement entre la France et l’Algérie. Lucidement, l’Élysée ne se faisait pas d’illusion sur ce point. C’est là la limite de l’exercice : si la mémoire reste non seulement douloureuse mais aussi conflictuelle, c’est parce que l’Algérie ne veut pas remettre en cause “sa” vérité officielle. C’est aussi ce déséquilibre qui affaiblit la démarche française» a-t-il conclu.