La journaliste marocaine de 28 ans, Hajar Raissouni, graciée mi-octobre après avoir été condamnée à un an de prison pour «avortement illégal» et «relations sexuelles hors mariage» a célébré, le 30 novembre, son union avec l’universitaire soudanais Refaat Alamin. Fin août, elle avait été interpellée en même temps que son désormais mari, le gynécologue, l’anesthésiste et la secrétaire médicale qui avaient été condamnés avec elle.
Hajar Raissouni a fêté son mariage ce week-end, mettant fin à l’intrusion brutale du militantisme autoritaire et de l’idéologie productrice de figures-victimes. Des dizaines de parents et de personnes du cercle rapproché de la reporter, dont l’ancien chef de gouvernement marocain (2012-2016) et ex-secrétaire général du Parti justice et développement (PJD) Abdelilah Benkirane, l’ancien ministre et ex-membre du comité exécutif du parti de l’Istiqlal, M’hamed El Khalifa, l’ancien porte-parole du palais royal, Hassan Aourid, et des défenseurs des droits de l’Homme ont assisté à la cérémonie. Les festivités ont eu lieu à Rabat.
La journaliste marocaine et son fiancé soudanais grâciés par le Souverain, ont pu, évidemment, mener à bien la procédure judiciaire pour les mariages mixtes, qui prend plus de temps que les démarches d’un mariage régulier entre deux citoyens marocains. Hajar Raissouni, assignée à son patronyme a vu son affaire prendre, une signification politique à laquelle se sont greffés certains droits-de-l’hommiste en perte de vitesse.
La nièce d’Ahmed Raissouni, figure savante du mouvement islamiste, et qui joue le rôle d’autorité morale pour les figures du PJD qui investissent l’action politique, s’est démarquée timidement par quelques interventions qui se distancient «l’enclos familial », selon qu’elle passe d’un clan à un autre, ou de la protection oui du tutorat d’un homme à à celle d’un autre. Son époux semble éloigné de l’idéologie islamiste, les cheveux au vent de H. Raissouni le jour de sa fête en témoignent.
L’affaire de Hajar Raissouni a, au moins démontré deux choses : la subordination de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à une idéologie nuisible, et le fait que le débat de la société civile en général autour de la question du droit à l’avortement s’inscrit dans l’opposition tenace entre la domination masculine et l’émancipation des femmes. Une société civile qui, égale à ses convictions, a continué à soulever l’épineuse question de la question de l’IVG dans une société où les avortements sont pour la plupart clandestins, et font donc peser sans cesse un risque sur la vie des femmes qui y ont recours. Ceux qui ont surfé sur le nom de Raissouni, ont disparu du débat, une fois l’événement de sa détention puis grâce, dépassé, puisque même le sort de ses co-accusés ne les intéressait pas ou prou.
Hajar Raissouni n’a jamais été une figure militante constante : elle reste muette quant aux affaires délictueuses et aux conflits d’intérêts, qui écornent l’image du PJD et de ses certains de ses hiérarques, dont l’action, soustraite à tout mécanisme de contrôle, suscite le mécontentement populaire. Samedi, sans voile, la journaliste était vêtue d’atours divers et variés, sans dissimuler ce qui témoignerait chez elle d’une subjectivité vivante. Fin heureuse d’une histoire qui a subi les affres de la moralisation à l’excès de certains prétendus droits-de-l’hommistes et ses dérives fâcheuses.






