La journaliste de 28 ans, auparavant condamnée à un an de prison pour «avortement illégal» et «relations sexuelles hors mariage», et graciée par le Roi la semaine dernière, a condamné les déclarations de son oncle, président de l’Union mondiale des ouléma musulmans. Elle avoue qu’il a érigé son «intégrisme théorique en vertu personnelle».
Alors que les problèmatiques de l’émancipation des femmes et des libertés individuelles agitent la société dans toutes les directions, par les moyens d’initiative privée surtout, l’affranchissement légal de la femme marocaine au sein la société, les déclarations de Ahmed Raissouni, où il déclare que les contours des libertés individuelles ne se limitent pas aux perversions sexuelles prônées par les progressistes, ont été condamnées à l’unanimité, y compris par sa nièce, Hajar Raissouni.
Fonder le droit sur le principe de l’égalité entre les sexes, concéder aux femmes le droit de faire un usage non contraint de ses facultés et de son corps— telles sont les revendications contre lesquelles s’est insurgé Ahmed Raissouni, dans une chronique où il s’est attaqué au collectif des 490, connu également sous l’appellation des « Hors-la loi ». Sourd aux clameurs portées par les mouvements sociaux, l’ex-éminence grise du PJD a dénoncé «la mise en œuvre d’une modernisation destructrice qui réduit les libertés individuelles aux penchants sexuels.»
Dans une publication Facebook, Hajar Raissouni, récemment libérée, a déclaré que son oncle «agit en conformité à son éthique théorique et radicale. Il ne changera pas de matrice pour moi et exprimera toujours les mêmes positions». Ahmed Raissouni, qui réside actuellement au Qatar, n’exerce aucune responsabilité politique exécutive ou législative au Maroc mais intervient souvent pour donner un avis sur de grandes questions sociétales et politiques. La journaliste a également déploré que certains de ses amis, connus pour leurs orientations progressistes en matière de libération des mœurs, l’aient attaquée à cause des «prises de position» de son oncle, jugées «peu en phase» avec l’évolution de la société.
Ahmed Raissouni a longtemps joué le rôle d’autorité morale pour le PJD. Le contenu de ses dernières observations sur les libertés individuelles et ses insultes contre les féministes ont outré les plateformes des réseaux sociaux. Pour certains activistes, ses déclarations s’inscrivent dans une sorte de logique «puritaine» consistant à mettre en permanence en accusation tout tentative de faire avancer l’action collective et politique en faveur des libertés publiques.