Plus d’un an après le coup de force du président Kaïs Saïed, la situation des droits de l’Homme en Tunisie n’a jamais été aussi fragile : les garanties institutionnelles ont été anéanties, l’indépendance de la justice a été torpillée, le droit à la liberté d’expression a été muselé. En suspendant le Parlement, en limogeant le chef du gouvernement, le Président tunisien a pris le contrôle exécutif du pays portant de manière irréversible atteinte à l’équilibre des pouvoirs et réprimant systématiquement toute voix critique de ses actions qu’il s’agisse des juges ou des journalistes.
C’est à ce titre que dès l’ouverture, le 12 septembre 2022, des travaux de la 51ème session du Conseil des Droits l’Homme, la Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’Homme, Mme Nada Al-Nashif, a épinglé la Tunisie pour son bilan sombre en matière des droits de l’Homme. La Tunisie a été citée parmi les pays qui nécessitent une action urgente.
« En Tunisie, l’ingérence de l’exécutif dans le système judiciaire suscite de plus en plus d’inquiétudes, avec notamment des licenciements sommaires et l’ouverture de procédures pénales contre des juges », a-t-elle déclaré.
Elle a poursuivi en indiquant que « les civils, y compris les journalistes, sont de plus en plus souvent déférés devant des tribunaux militaires, qui ne respectent pas les normes internationales en matière de procès équitable. L’imposition d’interdictions de voyager arbitraires visant en particulier les membres de l’opposition est également préoccupante ».
La sentence est sans appel, le HCDH « exhorte la Tunisie à organiser des élections parlementaires crédibles et inclusives, avec une participation significative des médias et de la société civile ».
Le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme s’alarme de l’évolution de la Tunisie, tout en soulignant sa lourde tâche pour renforcer la redevabilité et l’état de droit, et la promotion de la mise en œuvre d’un développement plus inclusive et donc durable et se dit prêt à apporter son soutien à une Tunisie plus que jamais chancelante et objet de dérives autoritaires.