Le Haut-commissariat au Plan (HCP) a présenté, aujourd’hui, lors d’une conférence de presse à laquelle Barlamane.com/fr était présent, le nouveau rapport National sur la population et le développement au Maroc sous le thème.
25 ans après l’adhésion du Maroc au programme de la Conférence du Caire en 1994, le HCP publie tous les 5 ans un nouveau rapport en concertation avec les départements ministériels concernés, faisant état des progrès du Maroc dans le domaine de la population et du développement.
Luis Mora Fernandea, représentant du Fonds des Nations unies pour la population au Maroc, a affirmé que « Cet accord, auquel 169 pays ont souscrit, a constitué un tournant dans l’histoire du développement humain. Pour la première fois, les droits reproductifs etaient considérés comme des droits basiques et pour la première fois la société civile avait le droit à la participation ». La conférence s’est déroulée en présence de diplomates de plusieurs pays voisins. Ce rapport a bénéficié de l’appui du fonds des Nations unies pour la Population, partenaire permanent du HCP, précise M. Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan, ajoutant que ce rapport sera également présenté au Congrès International de la Population et du Développement, prévu pour le 12 novembre à Nairobi.
Ainsi, la réalisation de progrès démographiques est tributaire de la réalisation des objectifs de développement durable, comme prévu dans l’agenda 2015-2030 de l’ONU [NDLR : auquel le Maroc a adhéré] afin d’éradiquer tous types de disparités sociales et territoriales. M. Lahlimi précise que le monde est actuellement dans une conjoncture sociale et économique particulière, mais aussi dans un contexte climatique différent qui peut avoir des répercussions sur la productivité et l’utilisation des ressources », expliquant que tout cela, en plus d’autres facteurs comme les guerres et les enjeux géostratégiques, constituent le contexte actuel de la situation des population et de leur développement.
La période couverte par le rapport est marquée par le couronnement du retour institutionnel du Maroc à la famille africaine, après avoir été un des membres fondateurs de l’Union africaine. Ceci a permis au Maroc de jouer davantage un rôle structurant en faveur du développement dans le continent selon des schémas de coopération gagnant-gagnant. Considéré comme un pays d’émigration et de transit vers le Nord depuis les 20 dernières années, le Maroc a entrepris un vaste chantier de réformes de sa Stratégie nationale pour l’Immigration et l’Asile (SNIA) afin d’améliorer la situation des migrants, qu’ils soient irréguliers, régularisés, réfugiés, demandeurs d’asile ou toute personne en situation de vulnérabilité au Maroc afin d’assurer une meilleure gestion des flux migratoires dans le cadre d’une politique cohérente, globale, humaniste et responsable.
En termes de démographie, M. Fernandez précise que « le Maroc fait partie des pays qui ont ce qui est communément appelé un dividende démographique » ce qui veut dire que la génération actuelle est l’une des plus larges de l’Histoire de l’humanité. Au Maroc, les jeunes constituent 60% de la population. M. Lahlimi continue en affirmant que « cette génération de jeunes est une force de travail et une force potentiellement créative, mais au Maroc, le taux d’activité et le taux d’emploi baissent » ; ajoutant que « ces jeunes sont plus nombreux, plus instruits grâce aux efforts de scolarisation, mais ils ont aussi bénéficié d’un meilleur niveau économique puisque la pauvreté a sérieusement reculé, la répartition des revenus s’est améliorée et en plus de cela, ils vivent dans un contexte démocratique qui consacre les Droits de l’Homme. Tous ces facteurs ne sont pas un facteur de satisfaction pour les jeunes, mais des facteurs de revendication ».
Autour de la condition féminine, « au Maroc, la grande sensibilité du Roi à la condition féminine est un atout, mais il faut que les politiques suivent », affirme M. Lahlimi, ajoutant qu’outre le travail rémunéré, « une bonne partie des femmes dites traditionnelles apportent à la société un travail non rémunéré mais essentiel à la dynamique du pays, que ce soit l’agriculture ou le travail domestique ».
Selon le rapport, la situation économique et sociale des populations a été un axe majeur des derniers discours royaux. Le rapport fait office de suivi et d’évaluation des politiques des populations au Maroc, aujourd’hui que le Royaume s’est défait des caractéristiques de l’économie traditionnelle qu’il représentait. En 100 ans, la population marocaine s’est multipliée par 6, soit 5,4 en 1912 à 33,4 millions en 2019, une croissance rapide qui a poussé le Maroc à mettre l’accent sur le contrôle des naissances et la planification familiale depuis 1966. Toujours selon le rapport, parmi les majeures réformes administratives engagées, figure la régionalisation avancée, la déconcentration administrative, la gestion déconcentrée de l’investissement.
Concernant les réformes sociales, la loi cadre 51.17 sur l’enseignement, la nouvelle stratégie de la santé, la promotion de l’égalité du genre et l’autonomisation des femmes, stratégie intégrée des personnes à besoins specifiques, la généralisation de l’enseignement préscolaire et la promotion de l’école rurale, sont des avancées. Parmi les réformes économiques les plus importantes, figure le plan d’accélération industrielle, l’engagement et la finalisation de plusieurs chantiers d’infrastructures, l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable dans les différentes régions du pays, la réforme des Centres Régionaux d’investissement, une nouvelle politique foncière initiative ainsi qu’une politique de la ville intelligente et inclusive. En termes de gouvernance, la nouvelle Constitution de 2011 a mis en place une nouvelle génération de réformes, de politiques publiques, de modes de gestion du développement et de prise de décision.
Malgré cela, le Maroc dénote une sous-utilisation de l’aubaine démographique, et cela se reflète surtout par un taux élevé de chômage frôlant 18% parmi cette tranche, surtout les diplômés. Le chômage augmente en pourcentage mais aussi en durée. En effet, 51,03% des individus ayant un diplôme de faculté ont subi une période de chômage de 12 mois en moyenne. 42,65% de ceux qui ont un diplôme de secondaire également, sachant que 86,7% des individus qui n’ont aucun diplôme connaissant des périodes de chômage plus courtes soit environ moins de 6 mois. Ainsi, des efforts sont à déployer en termes de diversification du tissu productif, l’émergence de nouvelles spécialisations, ainsi que l’adaptation des structures productives.






