Parents d’élèves, enseignants, lycéens, élus et citoyens de toutes couches sociales, soutenus par Réseau Education sans frontières (RESF), ont manifesté samedi 13 novembre devant le lycée Louis Blanc, en banlieue parisienne, pour exigerle retour du jeune marocain Kamal Labyed (18 ans) qui s’est fait expulser, le 9 novembre, vers le Maroc, après avoir été arrêté pour une banale bagarre dans un café parisien, comme cela se produit fréquemment. Le Réseau éducation sans frontière solidaire avec les lycéens sans papiers,a également lancé une pétition qui a reçu jusqu’à présent 1700 signatures d’élus, enseignants et militants des droits de l’homme.
Arrivé à l’âge de 13 ans, Kamal avait rejoint sa famille du côté maternel, grands parents, oncles et tantes, tous Français. Son oncle, Salem Kindi, boulanger de profession, l’avait pris en charge.
Scolarisé dès son arrivée, il aurait pu être régularisé s’il avait réussi à obtenir le fameuxrendez-vous à la préfecture d’Ivry (région parisienne). Mais, comme des centaines d’autrescas similaires, il en a été empêché par l’infernal système d’obtention de rendez-vous par Internet en place dans cette préfecture : il faut passer des jours et des jours devant l’écran pour avoir une chance d’obtenir un des rares rendez-vous à l’instant où ils sont proposés.
Accusé également d’avoir proféré des ‘’menaces’’ à l’encontre des policiers, qui ont porté plainte, le jeune Kamal, a été placé le 4 novembre au centre de rétention et expulsé une semaine plus tard. Le même jour un autre lycéen, Malien celui-là, habitant Choisy-le-roi (banlieue parisienne), était lui aussi expulsé. Arrêté lematin, il était embarqué dans l’avion l’après-midi. Une mesure qui atteste de cette vie des étrangers quotidiennement gâchée par l’obsession de l’interpellation et la peur d’une expulsion pratiquée dans des conditions honteuses. Des élèves menottés et scotchés à leurs sièges d’avion pendant que leurs camarades suivraient leurs cours en classe.
Il faut admettre qu’avec les gouvernements de l’ère Sarkozy et Hollande, qui ont toujours vanté leurs chiffres records en matière d’expulsions, ou avec l’actuel gouvernement, qui parait jouer artificiellement l’apaisement, le quotidien des clandestins n’a pas changé d’un iota. Il est fait d’humiliations, de rafles, tracas, gardes à vue, séparation de famille et expulsions pures et simples.
La politique de ‘’chasse’’ dont le président Macron se fait le champion, s’active au moment où les préfectures de police sont sommées de faire du chiffre (30.000 expulsions par an). On ne va plus se contenter d’expulser les sans-papiers pris au hasard, mais on va les chercher partout où ils peuvent se trouver, à l’entrée de métro, dans les lieux qu’ils fréquentent, devantles Etablissements scolaires, à leur domicilemême. Seul souci : remplir et remplir les camions pour atteindre le nombre exigé. Dire que cette politique insoutenable d’éloignement des étrangers en situation irrégulière, est tout simplement humiliante. D’autant que la frénésie gouvernementale du chiffre et des quotas ne donne aucun signe de répit. Au lieu d’être juste et équilibrée, elle exploite absurdement la misère humaine. Et l’on se demande pourquoi le gouvernement actuel qui se glorifie de chiffres d’expulsion nettement en augmentation, ne s’exprimait pas en tonnes ou en têtes et dire simplement que 30.000 têtes ou à peu près 11.000 tonnes d’humains ont été reconduits à la frontière. Cela décrirait d’une manière plus juste,ce qu’est la politique de Macron dans son volet immigration.
Et ce gouvernement qui se dit agir pour l’intérêt des Français, est malheureusement confronté aux résultats sans appel du dernier sondage publié par ‘’Le Parisien’’ affirmant que 67% des Français sont pour une régularisation de tous les sans papiers qui ont des enfants scolarisés, 16% sont pour la régularisation de tous les sans papiers, 13% ne sont pour aucune régularisation, 4% ne se prononcent pas.