Le président nonagénaire, écarté par le mouvement de contestation de 2011, a fait une apparition remarquée sur la chaîne Youtube de l’acteur égyptien Hicham Abdallah.
L’ancien président Hosni Moubarak a accordé son premier entretien depuis neuf ans. Dans une vidéo diffusé le 15 octobre sur la plate-forme YouTube de l’acteur égyptien Hicham Abdallah, l’ancien président a livré son témoignage à l’occasion du 46ème anniversaire de la guerre du Kippour qui a opposé, du 6 octobre au 24 octobre 1973, Israël à une coalition menée par l’Égypte et la Syrie. Le raïs a confirmé que cette guerre est bien la décision du président Anouar al-Sadate. Une action d’ampleur déclenchée contre l’avis de beaucoup d’officiers de l’état-major égyptien. Dans le contexte de l’époque, la prise par Israël du Golan au Nord, du Sinaï au Sud, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, a été vécue comme une humiliation. En octobre 1973, en décidant d’intervenir conjointement au Sud et au Nord, l’Égypte et la Syrie entendaient profiter de l’effet de surprise et récupérer leurs territoires perdus, confesse Hosni Mobarak.
Il ajoute qu’en Israël, l’ébranlement politique de l’après-guerre était de taille. Démission de Golda Meir en 1974 et départ du ministre de la Défense, Moshe Dayan, tous les deux pointés du doigt par l’opinion publique israélienne, qui a accordé son suffrage à Menahem Begin et aux inconditionnels de l’argument sécuritaire dans les élections qui ont suivi.
Pour l’histoire, le 17 octobre 1973, dans le Sinaï, a lieu l’une des plus grandes batailles de chars, en marge de l’embargo sur le pétrole décrété par le Koweït pour faire plier les Occidentaux soutiens d’Israël. Le 22 octobre, un cessez-le-feu a été déclaré par l’adoption de la résolution 338 du Conseil de sécurité des Nations unies, et réitéré ensuite par la résolution 340. Tout cela a été entrepris sous l’égide du secrétaire d’État américain, Henry Kissinger, qui parvient à faire parapher à Israël et à l’Égypte un accord le 11 janvier 1974. Le texte conçu après moult tractations prévoit le retrait des troupes israéliennes du canal de Suez, sa réouverture par l’Égypte et l’installation expresse d’une force d’observation onusienne. Sur le versant syrien, Israël se trouve contraint de se retirer des territoires accaparés pendant le conflit, mais conserve le Golan conquis en 1967.
À la fin de l’année 2010, alors que Hosni Moubarak s’apprête à briguer un cinquième mandat présidentiel, un soulèvement éclate en Égypte. L’ex-président, qui s’étonne de la virulence de la rue entre janvier-février 2011, finit par démissionner.
Fils d’un fonctionnaire du ministère de la Justice, Hosni Moubarak a vu le jour le 4 mai 1928 dans un petit bourg du Delta. Le déclenchement de la «révolution du 25 janvier», en 2011 a été le fait de nombreux éléments conjoncturels (élections législatives contestées en novembre, attentats contre l’Église copte d’Alexandrie en décembre) qui sont venus accroître le mécontentement contre le blocage du système politique et de promesses non tenues d’une ouverture économique aux gains peu partagés.






