L’écrivain français Hubert Seillan regrette que, par «paresse intellectuelle» mais aussi à cause de «la hiérarchie de l’actualité», le sujet du Sahara marocain «ne domine pas l’attention du monde.» Pour lui, «l’Algérie s’est déclarée en état de guerre avec le Maroc et multiplie les marques d’agressivité» à l’égard du royaume, a-t-il noté dans une chronique publiée sur Marianne.
La guerre en Ukraine «a modifié très fortement les mécanismes économiques dans le monde», rappelle M. Seillan. «La Russie et l’Algérie sont ainsi réunies par des intérêts communs. Cela ne surprendra pas les diplomaties. Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie a placé ses pas sur les chemins de l’Empire soviétique et en avril, elle s’est abstenue de condamner la Russie dans sa guerre d’annexion d’une partie de l’Ukraine. Il s’agit donc d’une alliance ancienne qui semble devoir être ignorée des Européens», a fait valoir l’écrivain.
Le prix du gaz que livre l’Algérie n’est qu’une partie du deal. «L’absence de souveraineté énergétique correspond à une perte de liberté diplomatique. Le Maroc et son Sahara sont, peut-on en douter, dans les prévisions des accords. Le prix des livraisons inclut la non reconnaissance du Sahara marocain par les pays bénéficiaires», pointe M. Seillan.
«Ainsi se comprend mieux la surprenante décision de la Tunisie de recevoir en grande pompe l’organisation Polisario, qui ne vit que sous perfusion du pays qui l’a conçue. La Tunisie est la caricature de ce qui attend ceux qui laissent entendre que les contrats gaziers relèvent seulement d’une gestion de bon père de famille et seront appliqués avec bonne foi. Les menaces récentes qu’a reçues l’Espagne suspectée de livrer le gaz qui passe chez elle hors de l’autorisation du producteur, ne permettent pas d’en douter. Ces contrats subordonnent les diplomaties», a-t-il abondé.
L’auteur souligne aussi «la position très ambigüe de la France » relative au sujet du Sahara. Pour lui, « le Maroc dispose toutefois d’armes solides dans son affirmation de souveraineté au Sahara. L’histoire comme la géographie, la démocratie très effective qui se traduit par une très forte participation des Sahraouis à toutes les élections, la route qui relie Dakar au Nord de l’Europe et qu’empruntent chaque jour des milliers de camions et de voitures, la place qu’occupent les énergies vertes dans le développement du pays et de ses Provinces du Sud, sont autant de marque de reconnaissance. Enfin depuis son association à l’Union européenne en 2008, le Maroc a des relations économiques, sociales, culturelles et cultuelles très suivies avec Bruxelles.»
L’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat, à tort, d’«actes hostiles». Une décision «complètement injustifiée», selon le Maroc. En juillet, le roi du Maroc Mohammed VI a réitéré «une fois de plus» sa main tendue à l’Algérie, lors du discours traditionnel marquant l’anniversaire de son accession au trône. La junte algérienne n’a donné aucune réponse.