La chaîne d’informations I24, a diffusé, le 6 juillet courant, un reportage mettant en lumière l’implication avérée du régime algérien dans l’acheminement des migrants subsahariens vers les frontières marocaines, alimenté par des témoignages de ces clandestins et l’intervention du sociologue marocain Mehdi Alioua, doyen de l’Institut d’Etudes Politiques de l’Université Internationale de Rabat et spécialiste des crises migratoires.
En début de reportage, les images et témoignages de migrants subsahariens dénonçant des violences et des conditions inhumaines exercées sur eux en Algérie, « pays par lequel ils passent dans le but ultime atteindre Melilia » sont saisissantes.
Ces migrants viennent du Sénégal, du Mali du Congo, du Niger et du Soudan, relaye le reporter. Ils relatent les traitements brutaux des soldats algériens, images à l’appui, qui les battent et tirent des coups de feu en leur direction pour les forcer à rejoindre la frontière avec le Maroc. Les témoignages sont prolixes : ils accusent les soldats algériens de « prendre leur argent et de violer les femmes» pour les obliger à passer par le royaume, des guides sur le sol algérien les y « invitant ». Leurs options sont limitées : « c’est soit rejoindre la frontière avec le Maroc, soit c’est la mort qui les attend avec l’armée algérienne ».
L’instrumentalisation de la crise migratoire par le régime algérien est flagrante. Questionné par le présentateur d’I24news, Mehdi Alioui affirme n’être aucunement surpris par les déclarations des migrants sur les violences de l’armée algérienne depuis l’Algérie vers le Maroc car bien que « les routes migratoires soient extrêmement dangereuses, il y a des spécificités au nord de l’Algérie où on entend depuis longtemps certaines exactions ».
Le spécialiste des crises migratoires précise que « l’Algérie depuis quelques années autour de cette frontière qui est une frontière problématique et qui a été fermée avec un no man’s land entre les deux parties marocaine et algérienne,participe à instrumentaliser cette frontière, comme d’ailleurs beaucoup de pays et notamment beaucoup de pays européens qui veulent se frontariser à tout prix ». Il rappelle que le plus grand nombre de morts sur les routes migratoires dans le monde est aux frontières de l’Europe. Il s’explique : « Le fait qu’on ait deux frontières encastrées dans le territoire marocain les deux présidés occupées de Sebta et Melilia font malheureusement que le Maroc est aussi sur la mappemonde des migrants et demandeurs d’asile qui meurent sur les routes migratoires ».
L’interview est conclue autour de la question sur l’intérêt de l’Algérie de délibérément pousser ces migrants à entrer au Maroc, de par la très forte tension qu’elle maintient avec le royaume, en ouvre la porte à tous les dangers dont les extrémistes de Daech et de l’Etat islamique.