L’année 2019 a été marquée par la disparition de plusieurs personnalités.
La mort de l’ancien Président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, décédé le 19 septembre, a suscité des réactions mitigées en Tunisie. Pour la plupart des Tunisiens, Zine El-Abidine Ben Ali faisait déjà partie de l’histoire ancienne. 2019 a été également marquée par l’annonce de la fin du «calife» de l’Etat islamique. Dans la nuit du 26 au 27 octobre, des commandos américains l’ont débusqué dans une maison de Barisha, une bourgade du Nord-Ouest syrien. Al-Baghdadi, responsable de crimes contre l’humanité, n’a pas pu s’échapper. En outre, Ahmed Gaïd Salah n’a pas été épargné par la grande faucheuse en 2019. Et ce, quatre jours après l’investiture du nouveau Président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Jacques Chirac, cet amoureux du Maroc depuis toujours, un fidèle habitué de certains endroits du royaume, a également rendu son dernier souffle en 2019. Affaibli depuis plusieurs années par la maladie, il meurt à son domicile parisien à l’âge de 86 ans. Sa mort a suscité une certaine émotion dans le monde entier et a fait l’objet d’une importante couverture médiatique dans les jours qui suivent.
Redécouvrez le portrait et le parcours de certaines des personnes qui ont fait le grand voyage en 2019 :
Karl Lagerfeld
Homme fort des maisons Chanel et Fendi, ami d’Hedi Slimane, touche à tout génialement inspiré, Karl Lagerfeld est mort le 19 février. C’est un grand couturier et styliste allemand, également photographe, dessinateur, designer, réalisateur et éditeur.
Il fait ses classes chez Balmain et Patou puis comme indépendant. Il devient directeur artistique de la maison italienne Fendi à Rome en 1965, de la maison de haute couture Chanel en 1983, et de sa propre ligne peu après. En parallèle, dans les années 1970, il travaille également pour Chloé. Il reste à l’origine de l’engouement des collections capsules avec une première ligne dessinée pour H&M.
Prolifique créateur, il supervise, durant ses dernières années d’activité, une vingtaine de collections par an, toutes marques confondues. Postmoderniste, il mélange les éléments du passé et de l’histoire des maisons qu’il dirige avec des références modernes.
Doris Day
Doris Day, est une actrice, chanteuse et productrice américaine, née le 3 avril 1922 à Cincinnati dans l’Ohio et morte le 13 mai 2019 à Carmel-by-the-Sea en Californie. L’inoubliable interprète de « Que sera, sera » a joué dans plus de quarante films avec la compagnie Warner Bros et enregistré plusieurs albums avec Columbia Records.
Michel Serres
Le populaire philosophe et historien des sciences Michel Serres est décédé le premier juin à l’âge de 88 ans. Membre de l’Académie française et de l’Académie européenne des sciences et des arts, il a notamment publié en tant qu’enseignant-chercheur des ouvrages faisant autorité en matière d’histoire des sciences, philosophie des sciences et épistémologie.
Johnny Clegg
Jonathan Clegg est décédé le 16 juillet 2019 à Johannesbourg en Afrique du Sud. Il est un auteur-compositeur-interprète sud-africain et un danseur de danses zouloues. Leader successif des groupes Juluka et Savuka, les thèmes de ses chansons sont principalement axés sur la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Il fut l’inlassable défenseur de la culture africaine.
Béji Caïd Essebsi
L’ancien Président tunisien, âgé de 92 ans, Béji Caïd Essebsi est décédé le 25 juillet 2019. Il a rendu son dernier souffle le jour où la Tunisie a commémoré la proclamation de la République en 1957.
Père de quatre enfants, Béji Caïd Essebsi est né dans une famille tunisoise en 1926. Il étudie le droit à Paris, où il devient vice-président de l’Association des étudiants musulmans nord-africains et membre actif de la résistance contre le protectorat français. Après l’indépendance tunisienne, il intègre les sphères du pouvoir, devenant directeur de la sûreté nationale à la suite d’un complot contre Habib Bourguiba. Secrétaire d’État adjoint à l’Intérieur auprès du ministre Taïeb Mehiri, il le remplace à sa mort en 1965. En 1981, il est nommé ministre des Affaires étrangères.
Il fonde en 2012 son propre parti « Nidaa Tounes » dans le but de rassembler l’opposition. Malgré les tentatives de l’exclure de la vie politique en raison de son appartenance au RCD, il mène son parti à la victoire aux élections législatives de 2014 puis remporte dans la foulée l’élection présidentielle face au président sortant, Moncef Marzouki.
Toni Morrison
Née le 18 février 1931 à Lorain dans l’Ohio et morte à New York le 5 août 2019, Toni Morrison est une romancière, essayiste, critique littéraire, dramaturge, librettiste, professeure de littérature et éditrice américaine. Elle est lauréate du prix Pulitzer en 1988 et du prix Nobel de littérature en 1993. Elle est à ce jour la huitième femme et le second auteur afro-américain après Derek Walcott à avoir reçu cette distinction.
Toni Morrison était la grande dame des lettres américaines. Elle a publié onze romans, qui explorent les différents versants de l’expérience noire aux États-Unis. Ce sont des romans d’une puissance rare, qui tournent autour des thèmes de race, d’esclavage, d’inceste, de viol et de rédemption.
Robert Frank
Frank est l’un des photographes et cinéastes les plus influents du 20ème siècle. Son œuvre la plus célèbre est le livre Les Américains publié en 1958. Il est aussi connu pour ses films et vidéos documentaires ainsi que ses manipulations photographiques et autres photomontages. Il s’est éteint le 9 septembre à l’âge de 94 ans sur l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.
Zine El-Abidine Ben Ali
L’ex-Président tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali, est décédé le 19 septembre à l’âge de 83 ans. Il a rendu l’âme dans un hôpital en Arabie saoudite, où il vivait son exil, après la détérioration de son état de santé.
L’ancien président tunisien déchu a dirigé le pays d’une poigne de fer de 1987 à 2011. Après avoir occupé plusieurs postes au sein de l’armée et de la sûreté nationale, il devient en 1986 ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Rachid Sfar, puis remplace celui-ci comme Premier ministre en 1987. Il dépose peu après le président Habib Bourguiba pour « raisons médicales », et lui succède en vertu de l’ordre protocolaire. Son accession au pouvoir intervient à une époque où le pays est en proie aux luttes de succession, aux tensions politiques et économiques et à la montée de l’islamisme.
Au début de l’année 2011, un mouvement de protestation populaire, inaugurant le début du Printemps arabe, le contraint à quitter le pays. Il abandonne ainsi la présidence de la République pour se réfugier à Djeddah, en Arabie saoudite.
Jacques Chirac
L’ancien Président de la République Jacques Chirac est mort le 26 septembre à l’âge de 86 ans. Il fut pendant des décennies un des soutiens les plus constants du Maroc.
Grand ami de feu Hassan II, l’ancien Président français était également proche du roi Mohammed VI, à qui il a exprimé son amitié et son estime dans le deuxième tome de ses mémoires paru en décembre 2011: “SM le Roi Mohammed VI du Maroc pouvait compter en toutes circonstances sur mon amitié, comme c’était déjà le cas avec feu son père SM Hassan II”, avait écrit Jacques Chirac dans ses mémoires.
Après des études à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’École nationale d’administration (ENA), il rejoint en 1962 le cabinet de Georges Pompidou, alors Premier ministre, comme chargé de mission. Élu député de la Corrèze au sein de la majorité de droite et nommé plusieurs fois secrétaire d’État ou ministre à partir de 1967, il est choisi comme Premier ministre par Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Trois ans après, il devient maire de Paris et se présente à l’élection présidentielle de 1981.
Il exerce la fonction de Premier ministre de 1986 à 1988, sous la présidence du socialiste François Mitterrand. À l’issue de l’élection présidentielle de 1995, il est élu chef de l’État avec 52,6% au second tour, face au socialiste Lionel Jospin. Lors de l’élection présidentielle de 2002, il est réélu pour cinq ans avec 82,2% des voix au second tour. À la fin de sa présidence, confronté à une faible popularité ainsi qu’à une succession d’échecs électoraux et affaibli par un accident vasculaire cérébral en 2005, il renonce à briguer un troisième mandat.
Alexeï Leonov
Alexeï Arkhipovitch Leonov est décédé le 11 octobre à Moscou. C’est un cosmonaute soviétique. Pilote de chasse de formation, il est sélectionné en 1961, au tout début de l’ère spatiale, pour faire partie du premier groupe de cosmonautes. Il est le premier homme à avoir réalisé une sortie extravéhiculaire dans l’espace dans le cadre de la mission Voskhod 2, le 18 mars 1965.
Leonov est l’un des cosmonautes entrainés pour participer aux premières missions vers la Lune mais le programme lunaire habité soviétique est arrêté en 1974 à la suite des échecs répétés du lanceur géant N1. Pour son deuxième séjour dans l’espace qui a lieu en 1975, il est commandant du Soyouz 19 et participe à la mission Apollo-Soyouz qui constitue le premier vol spatial conjoint entre les États-Unis et l’Union soviétique. Cet événement symbolique marque un réchauffement des relations entre les deux pays qui s’affrontaient jusque là durant la guerre froide. De 1976 jusqu’à sa retraite en 1991 il est responsable de l’entrainement des cosmonautes soviétiques.
Abou Bakr Al-Baghdadi
« Abou Bakr Al-Baghdadi est mort ». Dans une allocution depuis la Maison-Blanche le 27 octobre, le Président des Etats-Unis, Donald Trump, a confirmé la disparition du chef de l’organisation Etat islamique lors d’un raid de l’armée américaine dans la nuit. Quelques heures auparavant, Trump avait écrit sur le réseau social Twitter « quelque chose de très important vient de se produire ! ».
Donald Trump a détaillé les circonstances de l’opération américaine menée dans la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. L’Irakien, considéré comme responsable de multiples attentats sanglants à travers le monde, a fait exploser sa veste chargée d’explosifs pour se suicider au moment de l’intervention des forces américaines. Il est mort « comme un chien, comme un lâche », a insisté à plusieurs reprises Trump lors de son allocution.
Membre d’Al-Qaïda en Irak après le début de la guerre d’Irak, il succède en 2010 à Abou Omar al-Baghdadi à la tête de l’État islamique d’Irak. Après avoir rompu avec al-Qaïda, il est proclamé « calife » par l’État islamique, sous le nom d’Ibrahim, le 29 juin 2014, premier jour du mois de ramadan. Il affirme alors ainsi devenir le commandeur des musulmans, mais n’est cependant pas reconnu légitime comme tel par les principales autorités musulmanes, ni même par l’ensemble des groupes salafistes djihadistes.
Emanuel Ungaro
Le couturier français d’origine italienne Emanuel Ungaro est mort à l’âge de 86 ans, le 21 décembre à Paris. Il est le fondateur de la maison de haute couture qui porte son nom.
À partir de l’âge de neuf ans, Emanuel Ungaro commence par apprendre le métier de tailleur avec son père. Il crée sa griffe en 1965 et présente sa première collection durant la tendance de la mode futuriste, avec peu de moyens. Dans les années 1980, il fait partie des grands noms de la haute couture parisienne, dans cette période de renouveau de la mode française.
Ahmed Gaid Salah
Quatre jours après l’investiture du nouveau Président algérien Abdelmadjid Tebboune, l’ex-Chef d’État-Major au sein de l’Armée nationale populaire algérienne qui a joué un rôle décisif pour le faire élire a tiré sa révérence. A 79 ans, il est mort d’une crise cardiaque, selon l’agence de presse officielle Algérie Presse Service (APS).
De 2004 à son décès, le 23 décembre, il occupe la fonction de chef d’État-Major au sein de l’Armée nationale populaire. À partir de 2013, il est aussi vice-ministre de la Défense nationale. En 1994, pendant la guerre civile en Algérie, il est nommé commandant des Forces terrestres. Bouteflika le maintient en 2003 dans ses fonctions de commandant alors qu’il allait être mis à la retraite par le général Lamari.
Le 3 août 2004, il est nommé chef d’État-Major de l’armée. Sa nomination au poste de chef d’État-Major par le président Bouteflika vise à remplacer Mohamed Lamari qui possède une forte influence et n’est pas proche de Bouteflika. En 2013, Gaïd Salah est nommé vice-ministre de la Défense, en remplacement d’Abdelmalek Guenaizia.
Rappelons que 2019 a également été marquée par le sommeil éternel de grands noms de la culture. Dagfinn Bakke, artiste peintre et illustrateur et dessinateur de presse norvégien, Joan Guinjoan, compositeur espagnol, Bob Einstein, acteur américain, Verna Bloom, actrice américaine, DJ Arafat, chanteur et producteur ivoirien, ont disparu. Luke Perry, emblématique comédien de «Beverly Hills» puis «Riverdale» mais aussi de Jean-Michel Martial et Pascale Roberts, vus dans «Profilage» et «Plus Belle la Vie» ont également rendu l’esprit.