Le dirigeant du Parti authenticité et modérnite (PAM), et président de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Ilyas El Omari, s’est insurgé contre la situation qui prévaut à Sebta où deux femmes qui s’adonnent à la contrebande ont trouvé la mort piétinées lors de bousculades au point de passage du Tarajal.
« Je voudrais juste que les gouvernements marocain et espagnol se réunissent autour d’une table pour trouver une solution. Il n’y a pas longtemps, trois femmes sont mortes dans le passage frontalier de Ceuta, dont deux piétinées dans les bousculades », a-t-il dit dans un entretien accordé jeudi à l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Sur sa page facebook, il a récemment exprimé son « chagrin » et son » son « impuissance suite au décès de ces femmes « martyrs » à ce point de passage qui relève pourtant de son territoire en tant que président de la Région.
El Omari qui a comparé les présides de Sebta et Melillia à la Cisjordanie, affirme ne pas avoir de pouvoir pour gérer ce dossier.
« J’ai visité Al Qods. J’ai vu les check-points israéliens. Les frontières entre le Maroc et ces deux villes sont les mêmes que celles qu’on trouve entre Israël et la Cisjordanie. J’ai vu les mêmes murs en béton, les mêmes grillages électriques, les mêmes soldats aux aguets… », a-t-il souligné avant de poursuivre: « Je n’ai ni le pouvoir, ni les moyens de réactiver ce dossier. À chaque fois que j’en parle, on me dit que c’est l’administration centrale qui le gère. Mais à la fin, c’est moi qu’on sollicite pour colmater les brèches ». Sur ce point, il ne précise pas qui l’a sollicité et qui continue de le solliciter.
Et le président de la Région de préciser: « Chaque jour, je suis appelé à résoudre des problèmes liés à l’immigration. Plus de 40 000 Subsahariens sont sur mon territoire, dont beaucoup espèrent un jour rejoindre l’Europe ».
A croire Ilyas El Omari, sa région compterait ainsi un nombre aussi impressionnant d’immigrés subsahariens, de quoi construire une autre ville qui tomberait dans son escarcelle. Quant aux problèmes liés à l’immigration, qu’il est appelé à résoudre, il n’a pas cité un seul cas.
A la question de savoir pourquoi le dossier Sebta et Melillia n’a jamais été ouvert, Ilyas El Omari a répondu: » Pourquoi avoir peur de l’ouvrir ? Le Maroc et l’Espagne sont des voisins historiques. À mon avis, on peut trouver une solution modérée à ce dossier. Qui aurait cru que l’affaire du Sahara allait s’acheminer vers une autonomie sous souveraineté marocaine ? Les positions politiques évoluent avec le temps ». Et de s’interroger plus loin; « Qu’est ce qui empêche Rabat et Madrid de s’asseoir autour de la table pour déterminer ce qu’ils gagnent et ce qu’ils perdent dans ces deux villes ? »
Selon lui, la contrebande fait vivre près de 4 000 ménages dans le nord. Mais elle fait perdre à la douane marocaine près de 15 milliards de dirhams (1,3 milliard d’euros) chaque année. « Demain, si le gouvernement multiplie les usines de production, tous les jeunes trouveront du travail. Plus personne n’aura besoin de recourir à la contrebande pour vivre », a-t-il indiqué avant d’affirmer que « le dossier de Sebta et Mellilia se posera tôt ou tard ».
Au sujet de la situation à Al Hoceïma, le président du PAM, tout en rappelant qu’au Maroc « on recense 125 manifestations par jour aux quatre coins du pays », estime que les gens se sont focalisés sur Al Hoceïma parce que la ville traîne des boulets. Elle est classée dernière en terme d’accès à l’emploi ».
« Plus de 81% de son économie provient de la culture et de la vente de cannabis si on se réfère à un rapport de l’Agence de développement des provinces du Nord datant de 2006. Les 19% restants sont issus des transferts d’argent de la diaspora rifaine, de la pêche et d’autres secteurs », a-t-il précisé avant de souligner plus loin que la situation précaire que connait Al Hoceïma « le restera tant que nous n’aurons pas trouvé une solution au chômage des jeunes. D’abord en redynamisant l’économie de la région et ensuite en permettant à ces jeunes d’accéder à la fonction publique ».
A ceux qui disent que les manifestations dans cette ville sont téléguidées de l’étranger, El Omari répond: « En tant qu’élu, je ne peux pas vous dire si cela est vrai ou non. Si elles ont des preuves, il faut qu’elles passent à l’action. Si elles ont des soupçons sur quelqu’un, qu’elles aillent au tribunal ».
De tels propos laissent perplexes, car venant d’un dirigeant de parti qui, de surcroît, si l’on en juge par les déclarations de ses détracteurs lors du dernier scrutin législatif, il aurait bénéficié du soutien de ces mêmes autorités qu’il invite à recourir aux tribunaux pour démontrer leurs soupçons. Ils ( ces propos) sont également incompréhensibles quand on sait que leur auteur n’est que le président de la Région dont il se plaint de ses problèmes d’immigration illégale, de culture de cannabis , de frondes sociales sans y apporter ou proposer une seule solution.
Causez, causez il en restera toujours quelques chose.