Le media espagnol Libertad Digital révèle être en possession du document qui retrace les résultats de l’enquête préliminaire entamée par le Tribunal Central d’Instruction numéro 5 de l’Audience Nationale. Dans ce document daté du 7 mai 2021, transféré au tribunal en question, le Commissaire général chargé du renseignement, Eugenio Pereiro Blanco précise Ghali est titulaire d’une carte d’identité espagnole renouvelée en 2016 à Talavera de la Reina.
Libertad digital livre textuellement une partie de ce que contient le courrier transféré du commissariat général chargé du renseignement au tribunal compétent. Il y est confirmé que Brahim Ghali dispose d’une carte d’identité valide depuis le gouvernement Zapatero. Dès lors la question se pose sur le motif d’une entrée en catimini en Espagne.
Le journal révèle que le résultat de l’enquête préliminaire détaille la biographie de Brahim Ghali ainsi que l’opération orchestrée par le ministère des Affaires étrangères et acceptée par celui de la Défense, selon laquelle Ghali a pu entrer sans aucune retenue à l’aéroport de Saragosse et sans respecter le protocole d’identification.
Dès 1973, Ghali est impliqué dans des attaques de postes espagnols et meurtres pour saisir armes et matériel. Une série de commandos terroristes s’ensuivent où des agents frontaliers, légionnaires et civils perdent la vie violemment, notamment des pêcheurs. Son credo est semer la terreur à coups d’explosions et d’assassinats. Il écarte tout règlement négocié au conflit : ainsi, le 22 octobre 1975, Brahim Ghali s’est entretenu avec le Général de la Région militaire des Iles Canaries, Gómez de Salazar, tout en refusant d’assister au reste des réunions programmées pour négocier une solution au conflit.
Le 4 mars 1976, les dernières troupes armées espagnoles quittent le Sahara.
Brahim Ghali continue les exactions : de 1977 à 1987, il fait sauter et mitrailler, sans relâche, des bateaux de pêches canariens et le navire de patrouille de l’armée espagnole « Tagomago ». Le document livre avec force de détails noms, nombres, sites et personnes ciblés.
L’Espagne ne peut prétendre ne pas avoir les preuves du carnage.
Plus tard Ghali est nommé représentant du Front polisario en Espagne, de 1999 jusqu’à 2008, date à laquelle il a dû fuir en toute hâte le pays. Et pour cause, le Magistrat Pablo Rafael Ruz Gutiérrez a prononcé, le 20 décembre 2007, un arrêt décrétant l’ouverture d’une enquête préliminaire à son encontre, entre autres terroristes du Front polisario pour génocide et autres délits d’assassinat, détentions illégales, terrorisme, tortures et disparitions, dans le cadre de la plainte déposée par l’association marocaine ASADEH.
C’est à ce moment-là, que le contournement de la loi commence en Espagne.
La plainte n’a été déclarée recevable que le 16 août 2012, du moment que l’avis du Parquet, daté du 23 mars 2012, n’a été reçu que le 24 mai 2012. Un processus de traitement scandaleux, précise le media espagnol. Le document du commissaire poursuit avec une autre plainte déposée le 23 mai 2012 par l’Association canarienne des victimes de terrorisme, ACAVITE, a présenté auprès de la Secrétaire de la Première Section de l’Audience nationale un « Document rapport-plainte de l’Observatoire contre l’impunité relevant de l’Association canarienne des victimes du Terrorisme ACAVITE… « des attentats terroristes perpétrés par le Front Polisario … de 1973 à 1987 et autres groupes armés, faisant 281 victimes et dont les auteurs n’ont pas été poursuivis en justice car ils n’ont pas pu être localisés ».
L’Audience nationale annonce, le 31 mai 2021, 48 heures avant la sortie de Ghali d’’Espagne, avoir perdu ledit document.
Il est désormais clair qu’une telle mise en scène ne peut avoir d’autre objectif que de contourner la justice, entre autres fins.
Toutes ces données, précise Libertad digital figurent également dans l’écrit détaillé que l’avocat Antonio Urdiales a remonté au juge de Saragosse qui supervise l’enquête menée sur l’entrée en catimini de Brahim Ghali en Espagne tout en possédant une CIN espagnole. Urdiales est un fin connaisseur des faits, ayant été cavalier légionnaire volontaire au Régiment n°3 « Don Juan de Austria » de la légion espagnole.
Il y a servi entre 1974 et 1975, les années durant lesquelles ont été assassinés plusieurs de ses camarades, en tant que cavalier légionnaire au sein de la 9ème Compagnie du 8ème Drapeau, en participant avec le capitaine de cette Compagnie dans des missions de renseignement militaire, au moment où le Régiment était commandé par le colonel José María Timón Lara (devenu ultérieurement Directeur général de la police nationale), et le lieutenant colonel Espejo.