L’institut Amadeus ne compte plus sur des experts ayant une place essentielle dans le domaine de la recherche pour faire des propositions à l’intention des politiques, il s’est transformé en un pâle «laboratoire» invitant personnages sulfureux et intervenants sans dimension académique pour leur donner de la consistance aux côtés de bien rarissimes personnalités reconnues comme telles.
Avant d’être à la tête d’un conglomérat élitiste occupant une position mal définie fondé en 2008, Brahim Fassi Fihri a obtenu, un an auparavant, son diplôme en sciences politiques avant qu’un stage doré ne lui soit octroyé et effectué au département des Affaires étrangères au sein de la Commission européenne. Son institut, dont les modalités de fonctionnement sont sans cesse critiquées, peine à se trouver dans une position nodale parmi les décideurs et les intervenants politiques.
Plus qu’une foire franche, l’institut Amadeus est devenu aujourd’hui une sorte d’open-bar en pleine débandade, mal géré. On lui reproche d’être un repaire népotique d’une couche d’individus sans aucun mérite académique, se prévalant peu de mettre en avant leurs activités de recherche et d’analyse. L’institut, loin de capitaliser sur la dimension de ses missions, sa latitude de recherche et le public auquel s’adressent ses travaux, peine à se forger un rôle afin de s’adapter aux réalités politiques actuelles et à être un laboratoire de recherche sur les politiques publiques. Dernier symbole de la dérive de l’institution : l’invitation d’Alexandre Benalla, de son vrai prénom Maroine, sulfureux personnage et ancien membre de la garde prétorienne française la plus rapprochée. Toujours à pied, à bicyclette, en voiture, tenant à la fois du conseiller, du gorille, du paladin en détente, du barbouze à l’affût, du serviteur cravaté, mais jamais en tant que chercheur ou académicien. Ecce homo.
L’homme, poursuivi par la justice française car soupçonné de blanchiment d’argent et impliqué dans une affaire qui n’en finit plus d’éclabousser l’Elysée, a pris la parole au forum des MEDays 2019, dont le président sénégalais Macky Sall, invité d’honneur, qui était accompagné d’une importante délégation et de personnalités d’envergures ayant de l’influence sur les plans local et national, voire international.
Il est utile de préciser, et selon des sources Barlamane.com, que le groupe Akwa, sous l’égide de Aziz Akhannouch, a intégré les instances directrices de l’institut Amadeus pour devenir majoritaire au conseil d’administration de l’établissement exposé aux contingences et aux intérêts parasites, au bord de la faillite, sauvé in extremis par une assise financière du chef du Rassemblement National des Indépendants.
Ce dispositif isomorphe dont le rôle dans la mise en marché du savoir n’a jamais été prouvé, a été éclipsé par une autre structure fondée par Mustapha Terrab, patron de l’Office Chérifien des Phosphates, le Policy Center for the New South (PCNS), gérée avec brio par le jeune Docteur Karim Al Aynaoui.
Il est peut être utile d’en savoir un peu plus sur le passé lointain du phénomène Benalla. « Papa préparait une thèse de doctorat en physique-chimie, maman était maître auxiliaire en physique-chimie. Ils se sont séparés lorsque j’avais huit mois, maman a trouvé refuge dans des foyers, changeant souvent d’endroit pour échapper à mon père, qui voulait nous ramener au Maroc», dixit Alexandre Benalla. Raison pour laquelle il a décidé de devenir un garde du corps qui n’en finit par d’être à l’ombre dans des couloirs, des zones protégées, des sas, des ascenseurs.
L’ancien chargé de mission de l’Élysée, mis plusieurs fois en examen, est toujours sous le coup d’une enquête déclenché pour soupçon d’ingérence dans l’action de la police ; il a été impliqué dans une interpellation mouvementée au Jardin des plantes à Paris, en 2018. Son affaire a donné lieu à l’ouverture de cinq procédures judiciaires distinctes et à moult rebondissements. Pour le moment, en quête d’une seconde virginité, Benbella s’est mué en entrepreneur opérant au Maroc, où il a fondé sa société.
Qu’Amadeus donne un espace d’expression à ce genre de profils laisse pantois. En effet, Alexandre Benalla, qui a livré un discours aux MEDays, prouve que l’institut n’est plus un espace indépendant d’analyse et de réflexion, affranchi des affinités et des interconnections douteuses, mais un foyer qui croule sous le paradigme du «laisser-faire/laissez-passer». Et ce, au détriment de l’intelligibilité de l’espace public et du savoir politique.






