L’interdiction de l’abaya à l’école en France répond au besoin de « faire bloc » face à « une attaque politique », ont déclaré lundi des membres du gouvernement français, pour justifier cette mesure annoncée la veille.
Il s’agit de « faire bloc » contre les atteintes à la laïcité, car l’école de la République est « testée », a dit le ministre français de l’Education nationale, Gabriel Attal, lors de sa conférence de presse de rentrée.
Selon une note des services de l’Etat, dont l’AFP a obtenu copie, les atteintes à la laïcité, bien plus nombreuses depuis l’assassinat en 2020 aux abords de son collège du professeur Samuel Paty, ont augmenté de 120% entre les années scolaires 2021/2022 et 2022/2023. Le port de signes et tenues, qui représente la majorité des atteintes, a quant à lui augmenté de plus de 150% tout au long de la dernière année scolaire.
« La fermeté de la réponse de l’école est mise à l’épreuve par ces nouveaux phénomènes, face aux coups de boutoir, face aux attaques, face aux tentatives de déstabilisation », a déclaré M. Attal.
« Nous devons faire bloc. Et nous allons faire bloc », a-t-il ajouté.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a qualifié lundi l’abaya d' »attaque politique » envers l’école laïque, au lendemain de l’annonce de l’interdiction du port de ce vêtement dans les établissements scolaires par le ministre de l’Éducation Gabriel Attal
L’annonce faite par Gabriel Attal dimanche au 20 heures de TF1 marque un virage par rapport à la position de son prédécesseur Pap Ndiaye, et a déclenché de nombreuses réactions politiques.
Applaudie à droite et à l’extrême droite, la mesure est accueillie plus fraîchement à gauche, où certains dénoncent un dévoiement de la laïcité, voire une décision « islamophobe ».
D’autres personnalités de gauche, comme le maire de Montpellier Michaël Delafosse ou le chef de file du Parti communiste Fabien Roussel ont en revanche approuvé l’interdiction, justement au nom de la laïcité.
En novembre 2022, la question du port de l’abaya avait déjà fait l’objet d’une circulaire de l’Éducation nationale. Dans ce texte, les abayas sont considérées – comme les bandanas et jupes longues, également cités – comme des tenues pouvant être interdites si elles sont « portées de manière à manifester ostensiblement une appartenance religieuse ».