Un des plus instructifs, un des plus déplorables spectacles régionaux, c’est le spectacle du pouvoir absolu en Algérie aux prises avec lui-même, s’embarrassant dans ses propres pièges, s’affaissant sous son propre poids en entraînant le destin d’un pays qui souffre. Dans ces débordements d’omnipotence, une sorte d’obsession de gouvernement : le Maroc. Ce n’est au fond qu’une exception décevante, un violent phénomène immoral et politique pour consacrer une fuite à l’avant.
Le roi Mohammed VI a appelé à ouvrir une «nouvelle page», à la «confiance mutuelle» et au «dialogue constructif», alors que les rapports entre les deux pays voisins sont plombés depuis par la question du Sahara et par la faiblesse d’un régime militaire aux abois. La frontière entre le Maroc et l’Algérie est fermée depuis 1994, la dernière rencontre entre leurs chefs d’Etat remonte à 2005. Les discussions sur le devenir du Sahara sont suspendues malgré les récentes tentatives de relance des Nations unies. Et l’opinion publique algérienne est en colère.
«Le Maroc possède la première liaison à grande vitesse africaine entre Tanger et Casablanca, accueille 12 millions de touristes par an, jouit d’énormes potentiels économiques, pourquoi donc cette hantise à l’égard du royaume ?» s’exclame un internaute algérien. «C’est une illusion de croire que le régime algérien donne l’ordre, la sécurité, la stabilité; il ne donne rien du tout, il ne donne qu’un ordre trompeur, une sécurité sans lendemain, et cette stabilité dont il se fait honneur est toujours celle ses gangs» a-t-il continué, dénonçant des hommes acharnés à se disputer la manie de critiquer le Maroc, au hasard des délibérations antagonistes et des résolutions soudaines.
«Vous aviez promis de fondre un nouvel État au lieu de l’État de la issaba. Par une dérision singulière, vous êtes la première victime du système que vous personnifiez. Vous incarnez l’impuissance définitive d’un régime qui s’épuise et glisse sur la pente de la haine envers le Maroc» dit l’internaute algérien à l’adresse du président Tebboune. En 2018, le roi du Maroc avait proposé à l’Algérie un nouveau « mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation » pour relancer des relations qui «échappent à la normalité, créant, de fait, une situation inacceptable», mais cette offre n’avait pas reçu de réponse.
Abdelmadjid Tebboune a remporté dès le premier tour le 12 décembre 2019 l’élection présidentielle en Algérie, mais pour être aussitôt conspué par le mouvement populaire de contestation qui ébranle le pays depuis près de deux ans et demi et a poussé à la démission Abdelaziz Bouteflika et à des procès retentissants de certains de ses proches.
Fréquentes, les tensions entre le Maroc et l’Algérie se sont récemment exacerbées sur le dossier du Sahara après les récents tours de force de Rabat, laquelle propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, largement appuyé par la communauté internationale.