L’annulation des festivités de l’anniversaire royal, annoncé par le ministère royal dans un communiqué le 13 août dernier, n’a pas vocation à être une décision anodine, au moment où cette célébration était très attendue. Une décision qui survient également peu de temps après un discours de la Fête du Trône ferme et exigeant. Le politologue Hicham Mouatadid s’est prêté à nos questions, afin de décrypter l’annulation des festivités de l’anniversaire royal.
Peut-on considérer ces nouvelles décisions comme des changements sociaux s’alignant avec les nouvelles dispositions de la constitution de 2011?
L’annulation des festivités commémorant la fête de la Jeunesse s’inscrivent dans le cadre d’un esprit de changement entrepris par le Roi Mohammed VI depuis son accession au trône. Et ce, afin de moderniser l’institution de la monarchie marocaine. Cette décision traduit une volonté politique de concrétiser la vision Royale visant le renforcement de la dimension socio-citoyenne de l’institution monarchique.
Cette orientation royale s’aligne politiquement et juridiquement avec les nouvelles dispositions de la Constitution de 2011. Or, mis à part ces aspects juridique et politique, cette décision relative à l’annulation des festivités commémorant la Fête de la Jeunesse se veut un signe d’initiative royale pour encourager les responsables des institutions publiques à réaliser des actions concrètes qui cadrent avec l’esprit de la constitution de 2011 et sa mission citoyenne et socio-économique.
Quelles sont les portées de ce message et que traduit-il vraiment ?
Ce message traduit une certaine culture royale de modernisation du trait traditionnel et conservateur des aspects classiques du fonctionnement de l’institution monarchique. Une telle décision incarne à la fois une vision d’ouverture vers une institution monarchique en mouvement, mais surtout une monarchie qui s’adapte au contexte de l’évolution socio-historique de son environnement. Cependant, malgré la portée symbolique de cette décision Royale, son impact aura une influence sur la structure des mécanismes socio-politiques de la culture décisionnelle au Maroc.
Dans le contexte où le Roi vient de faire un discours où il déplore la précarité et l’injustice, est-ce que cette décision de ne plus organiser les festivités de la fête du Trône ou de l’anniversaire royal s’inscrit dans une meilleure redirection des budgets ?
Certes, ce genre de décision est d’une portée principalement politique, mais cela n’empêche pas d’analyser la décision royale d’un angle socio-économique. Certainement, les orientations royales concernant l’annulation des festivités commémorant la fête de la Jeunesse ont un objectif visant une bonne gouvernance budgétaire des finances de la Cour Royale. Le concept de la bonne gouvernance et la responsabilité politique à l’égard de la bonne gestion des ressources publiques étaient toujours au cœur des discours et messages royaux depuis les premières années de son règne, et l’annulation des festivités et réceptions célébrant la fête de la jeunesse marocaine se veut également une action qui vise une meilleure redirection des budgets.