Des milliers d’Irakiens envahissent depuis dimanche les rues du pays, répondant à un appel à la grève générale en soutien aux protestataires qui réclament un changement de régime depuis plusieurs semaines.
Le mouvement de contestation inédit a débuté le 1er octobre et a été émaillé de violences qui ont fait au moins 330 morts et près de 15 000 blessés, en majorité des manifestants, «une tragédie absolue», a déclaré dimanche le responsable de la mission de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Irak, le général canadien Dany Fortin, qui termine son mandat d’un an.
A Bagdad, les manifestants ont élargi leur sit-in de la place Tahrir au pont Al-Ahrar, plus au nord. Avec les ponts Al-Joumhouriyah et Senek, les manifestants occupent des sections de trois ponts de la capitale. Les protestataires ont été confrontés à des tirs nourris et des tirs de lacrymogènes en avançant vers le pont Al-Ahrar, ont rapporté des témoins. Un manifestant a été tué après avoir été blessé par une grenade lacrymogène et quarante autres ont été blessés, selon une source médicale.
Une autre personne a été blessée tard dimanche par le tir d’une roquette dans une rue commerçante sur la rive orientale du Tigre, à Bagdad, ont fait savoir les services de sécurité dans un communiqué.
Depuis plus de trois semaines, des manifestants sont rassemblés place Tahrir, à Bagdad, réclamant le départ de la classe politique jugée corrompue et incompétente. Ils ont également campé sur quatre ponts sur le Tigre, reliant l’est de Bagdad à l’ouest, où se trouve la zone verte abritant des bâtiments gouvernementaux et des ambassades étrangères. Mais il y a deux semaines, les forces de sécurité ont chassé les manifestants de trois de ces ponts et des secteurs avoisinants, les obligeant à se replier sur Tahrir et le pont Al-Joumhouriya. Des centaines d’étudiants ont rejoint la place Tahrir, épicentre de la contestation.
Le gouvernement a proposé ces dernières semaines une liste de réformes, que les manifestants ont jugées insuffisantes. L’Irak est le 12e pays le plus corrompu au monde, selon Transparency International.