Six Palestiniens, dont un ex-leader d’un groupe armé, se sont évadés lundi d’une prison en Israël via un tunnel sous un évier, déclenchant une vaste chasse à l’homme.
Avant l’aube, les services carcéraux israéliens ont indiqué qu’une première alarme avait été déclenchée vers 1h du matin heure française lorsque des résidents ont affirmé avoir vu des « personnes suspectes » aux alentours de la prison de Gilboa, où sont incarcérés des centaines de Palestiniens.
Des images des services carcéraux montrent un tunnel sous une large céramique de salle de bain, au pied d’un évier, par lequel les détenus se sont évadés de cette prison de haute sécurité. A l’extérieur, les policiers ont localisé un trou creusé dans le sol.
Les services pénitenciers ont indiqué relocaliser les quelque 400 prisonniers de Gilboa détenus pour des « crimes liés à la sécurité » afin d’éviter qu’ils s’évadent par d’autres tunnels qui auraient pu être creusés.
Le Premier ministre Naftali Bennett, qualifiant l’incident de « très grave », a assuré suivre en temps réel la traque des fugitifs. La police a lancé une vaste chasse à l’homme et indiqué en fin de journée toujours tenter de les localiser. Des chiens renifleurs sont à l’oeuvre et des points de contrôle ont été installés dans les environs de la prison.
Selon des médias israéliens, les évadés pourraient avoir regagné la Cisjordanie, où dans certains secteurs la sécurité est assurée, en théorie, par des unités palestiniennes.
L’armée israélienne a mis à la disposition de la police des moyens d’observation aériens et dit avoir préparé ses troupes à intervenir au besoin dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Elle s’est d’ailleurs déployée aux alentours de Jénine (nord de la Cisjordanie) d’où sont originaires de nombreux évadés, a constaté un journaliste de l’AFP, qui a vu en soirée de nombreuses personnes dans les rues célébrer l’évasion.
« Pour l’instant la situation est calme, mais la surveillance est sans précédent », a indiqué Akram Rajoub, le gouverneur de la région de Jénine.
Le camp de réfugiés de Jénine, qui jouxte la ville éponyme, est « habitué aux incursions » de l’armée israélienne, même s’il est situé dans une zone sous contrôle palestinien, a indiqué Hassan al-Amouri, chef du comité populaire local. « Tout est possible », a-t-il ajouté à propos d’une possible offensive israélienne dans ce camp lourdement armé.
Les évadés ont été écroués pour avoir, selon Israël, préparé ou mené des attaques contre des Israéliens. L’un d’eux, Mahmoud Abdullah Ardah, écroué depuis 1996 et condamné à perpétuité, était un membre connu du Jihad islamique, un des principaux mouvements armés palestiniens. Il avait été placé en isolement il y a quelques années après la découverte de tunnels creusés dans un pénitencier israélien, selon l’organisation islamiste.
Un autre fugitif, Zakaria al-Zoubeidi, était un chef des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche armée du parti Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas. L’homme avait été arrêté et écroué en 2019.
Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza palestinienne, et le Jihad islamique, de même que le Hezbollah libanais ennemi d’Israël, ont salué l’évasion.