A la veille des échéances 2021, l’Istiqlal (PI) semble avoir enclenché une deuxième vitesse d’opposition. L’écart avec le PJD est au plus grand. En même temps, l’échiquier politique se redessine. Comment le PI aiguise-t-il son arsenal pour les triples échéances de 2021 ?
Noureddine Mediane, membre du comité exécutif du parti de l’Istiqlal affirme avec assurance que « ce n’est pas aujourd’hui que le parti va commencer à se préparer aux élections, nous avons déjà fait ce travail ». Il soutient qu’après le 17ème congrès de l’Istiqlal, qui s’est tenu le 29 septembre 2017, le parti a connu une « refonte monumentale ». Rappelons les faits, le 17ème congrès du PI a tourné au fiasco total et violent, lorsque les pro-Chabat et les pro-Baraka se sont infligés coups et blessures dans une bagarre digne d’un ghetto. Le parti était alors divisé entre les partisans de Hamid Chabat, un secrétaire général sortant malgré lui, et les partisans de Nizar Baraka, alors candidat sur lequel tous les espoirs de sang neuf étaient accrochés. Selon M. Mediane, l’un des plus grands aspects de ce changement qu’a connu le parti fût « l’unanimité qui a entouré le secrétaire général du parti ; lequel a pu établir un plan de travail consensuel, fruit de plusieurs concertations et réunions dont le but était de réconcilier le parti ». Sur ce fait, M. Mediane affirme que « le parti a réussi à « contenir » tous les membres qui ont pris part à la discorde du 17ème congrès de l’Istiqlal, à travers une bonne communication interne ».
Sur un plan global, M. Mediane explique que « du sang neuf a été ajouté à presque toutes les structures du parti sur le plan national », ce qui, selon notre interlocuteur, est l’une des cause qui a poussé autant de nouvelles personnes à adhérer au PI. Phrase justement dite puisque, le PJD a récemment perdu 44 de ses membres qui ont décidé de rallier le PI. Si de grandes figures locales et régionales du PJD claquent la porte et rejoignent l’opposition, cela reste surtout un baromètre de la manière dont le discours istiqlalien résonne chez les partisans mécontents du parti islamiste. Il est clair que la rupture est fracassante entre les deux partis. Pour le PI, tous les indices sont donc bons afin d’entreprendre les élections puisque le parti est en pleine expansion, son principal rival politique se discrédite tout seul et ses alliés se multiplient.
En parlant d’alliances, justement, il est possible de recenser désormais deux origines aux alliés : les nostalgiques de la Koutla et les « ras-le-bol du PJD » qui rallient l’opposition. Le premier cas de figure comprend le PI lui-même. Pour M. Mediane, « il est impossible de nier que c’est grâce à la Koutla que le Maroc jouit aujourd’hui de plusieurs droits et acquis, notamment en termes de militantisme, de consécration de la démocratie, et de réformes ». Si, au fur et à mesure des formations gouvernementales, les partis de la Koutla se sont parfois séparés, il n’en reste pas moins que certains partis restent nostalgiques de cette période. « Devant les échecs probants du gouvernement actuel et son incapacité de remplir certains objectifs primordiaux, les partis qui formaient la Koutla auparavant souhaitent la reconstruire », confirme M. Mediane. Interrogé sur la possibilité de voir la Koutla de nouveau lors des prochaines élections, M. Mediane a répondu que probablement, oui, et qu’accueillir de nouveaux partis qui souhaitent y adhérer et qui partagent une même ligne de principes politiques est même préconisée.
En même temps, le PI accueille à bras ouvert les partis qui en ont assez du PJD, par exemple, le PPS. Comme Nabil Benabdellah nous l’affirmait dernièrement : « l’Istiqlal est un allié de longue date. Nous nous sommes accidentellement trouvés dans des camps différents, de manière momentanée ». Le caractère accidentel des choses comme les décrit Benabdellah ne semble par aussi impromptu que cela, puisque le PPS a fait le choix consciencieux de s’allier au PJD, il y a 8 ans. Il a cependant fait le choix tout aussi consciencieux de quitter le gouvernement, et s’est retrouvé auprès du PI. Cependant, raviver la Koutla équivaudrait à installer le PPS et l’USFP dans la même table. La première question qui se pose reste, cela sera-t-il possible ? La deuxième est : après les réconciliation internes, est-ce qu’une réconciliation entre partis s’avère être LE moyen d’éjecter le PJD hors du pouvoir en 2021 ?