Nom : Jamal Souissi
Fonction : Producteur/ Réalisateur
-Président de la Chambre marocaine des producteurs de films (CMPF)
-Président la Film Commission de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
Et bien d’autres tours dans son sac…
En marge de la 15ème édition du festival international du court métrage méditerranéen, Mr Jamal Souissi a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions.
Du rôle de la CMPF, en passant par la Film commission de la région Tanger/Tétouan/Al Hoceima et enfin, son ressenti personnel quant à l’avenir du cinéma Marocain.
Mr Souissi, en tant que président de la CMPF, pouvez vous nous éclairer un peu sur le rôle de cette dernière et nous dévoiler quelques unes de vos récentes actions stratégiques ?
Tout d’abord je voudrai insister sur le fait, que la CMPF n’est pas un syndicat, ou un bureau de réclamations où l’on vient se plaindre, la CMPF fait des actions stratégiques dans le cadre de la politique cinématographique et culturelle du pays.
L’une des majeures attentes de notre plan d’action, c’est la question des arriérés, nous avons remarqué qu’il y’a beaucoup d’arriérés au niveau des paiements de l’avance sur recettes.
Il y’a des cinéastes qui attendent toujours des tranches, ça c’est un grand problème.
Nous avons alors été amenés à envoyer un courrier aux ministères et administrations de tutelles dans le but de faciliter et d’accélérer le paiement des tranches pour les producteurs qui doivent terminer leurs films.
Nous défendons également, dans nos actions récentes de 2017, l’augmentation du fonds d’aide qui est actuellement de 60 MDH, à 120 ou 140 MDH vu les années qui se sont écoulées.
Ce n’est pas normal qu’en 2017 on soit encore à 60 MDH. Ça c’est une action stratégique pour l’avenir du cinéma au Maroc.
Il y’a quatorze ans il n’y’avait pas autant de producteurs, ni autant de réalisateurs ou de jeunes créateurs qui arrivent dans le domaine et sur le marché. Surtout que nous avons aujourd’hui des écoles de formation de cinéma.
Il faut savoir aussi, que la CMPF était à l’origine de la création de l’ISMAC (institut supérieur des métiers de l’audiovisuel et du cinéma)- la seule école de cinéma étatique dans le pays.
Petit scoop aussi, que vous avez surement dû entendre, il y’a un projet de construction d’une école de cinéma dans la ville de Tanger, le projet a été validé pas les autorités locales. Dans ce sens, la CMPF sera partenaire et soutiendra le projet.
Nous attendons actuellement le démarrage de la construction de cet institut de cinéma qui verra le jour ‘normalement entre 2018 et 2019′ et qui est un rêve qui date depuis des années et des années…
Vous avez récemment créer une film Commission dans la région Tanger/Tétouan/Al Hoceima, quelle est votre ambition derrière cela? Et quel impact aura-t-elle selon vous sur la région, économiquement, culturellement, et socialement ?
Il était temps de créer cette film commission, parce qu’aujourd’hui à travers le monde, on ne peut imaginer un pays sans film commission.
Cela va permettre à des producteurs et réalisateurs nationaux et internationaux de venir tourner dans la région. Le soutien sera technique, administratif, artistique et même aussi financier. Tout dépend du projet.
Quand une film commission réussit à attirer un tournage dans sa région, l’impact économique est instantané.
Cela va également donner des possibilités d’embauches pour plusieurs jeunes formés dans ce domaine et vivants dans la région.
Ça va également faire connaître la région, ses monuments, ses espaces, sa culture ; et tout ça c’est une promotion qui n’a pas de prix.
Dans le cadre de la film commission, nous allons également lancer des séminaires de formation pour les jeunes de la région.
Nous avons des menuisiers, des forgerons (des corps de métiers dont nous avons besoin dans le cinéma) pour la construction des décors à titre exemple.
Nous allons faire des formations pour ces métiers pour qu’ils comprennent qu’il y’a aussi d’autres facettes à leurs métiers.
Et quand les tournages étrangers viendront mettre le cap sur la région, ils trouveront des gens formés sur place.
Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres (…)
Les salles de cinéma disparaissent de plus en plus, quelles conséquences cela a-t-il sur la visibilité des films marocains ?
Je trouve que c’est triste et désolant que les salles de cinéma disparaissent. Nous remarquons parallèlement l’apparition de Mutliplex, ce qui est en soit une bonne chose mais peut également s’avérer très dangereux, surtout si l’on tombe dans le monopole de la distribution et de l’exploitation.
Si ces multiplex ne passent que des films étrangers ce n’est pas bon pour le cinéma marocain. Il faudrait trouver un moyen de faire passer des films marocains dans ces salles. C’est aussi l’une des choses sur lesquelles nous travaillons à la CMPF, trouver des réels partenariats avec des distributeurs.
Il existe actuellement un plan de rénovation de salles, financé par le CCM (centre cinématographique marocain).
A mon avis, ce qu’il faut pour encourager le public à se rendre aux salles de cinéma, c’est la promotion des films.
Pour que le public aille voir des films, il faut que les radios existantes , les télévisions , proposent des émissions culturelles à part entière, et non pas quelques minutes dans un journal télévisé.
Car il existe des films qui ont réussi à drainer un nombre important de spectateurs, malgré le nombre limité de salles.
Nous manquons d’émissions culturelles et artistiques qui s’adressent à un public assoiffé d’art et de culture.
Le mot de la fin Mr Souissi, êtes vous optimiste quant à l’avenir du cinéma marocain ?
Moi je suis très optimiste, malgré les difficultés et malgré les problèmes.
Aujourd’hui nous faisons de très bons films, nous faisons des films techniquement aussi bons qu’ailleurs. Nous avons des producteurs et des réalisateurs créatifs, très doués.
L’Homme existe, ce sont les moyens qui manquent, il faut que l’on renforce nos moyens.
Surtout que nous avons des générations qui arrivent avec une connaissance très poussée que ce soit sur le plan technique ou créatif. Des jeunes très intelligents, qui sont formés.
Moi je suis certain que l’avenir du cinéma est devant nous, il faut qu’on travaille pour y arriver. Ce qu’il nous faut c’est encore plus de moyens…
Nous sommes actuellement au stade artisanal, et si l’on ne développe pas nos moyens, nous n’atteindrons jamais le stade de l’industrie cinématographique.