La crise politique en cours depuis des mois a connu un pic de tension ce 17 mars, avec notamment la poursuite des manifestations, la suspension de la nomination de Lula au gouvernement ou encore le lancement, par le Parlement brésilien, d’une procédure qui pourrait aboutir à la destitution de la présidente Roussef.
Le passage au gouvernement de l’ex président Lula aura duré moins d’une journée. Nommé ce matin, son entrée au gouvernement a été suspendue dans l’après midi par un juge de Sao Paulo. En devenant ministre, l’ex président brésilien échappait à la justice ordinaire et aux convocations qui le concernent, dans une affaire en lien avec le scandale « Petrobas ».
Le gouvernement a fait appel mais rien n’indique que cette décision de suspension sera levée. En témoignent les termes solennels du magistrat qui l’annonçait, cité par l’AFP : « J’intime à l’Union fédérale du Brésil et à l’excellentissime présidente de la République d’appliquer immédiatement cette mesure ».
Pour la justice brésilienne, il est clair que la prise de fonctions de Lula « peut impliquer une intervention indue et condamnable dans l’exercice de l’activité de la police, du ministère public et du pouvoir judiciaire ».
Deux heures plus tôt, c’est encore la justice brésilienne qui faisait l’actualité, en rendant publique une écoute judiciaire effectuée le matin même par la police, dans le cadre de l’affaire qui implique Lula. Il a en effet été mis sous écoute téléphonique sur décision judiciaire.
La conversation est accablante pour le pouvoir. Dilma Rousseff lui dit qu’elle va lui faire parvenir son « décret officiel » de nomination pour qu’il puisse « s’en servir en cas de nécessité ». Immédiatement, les médias ont diffusé l’extrait, le lien a été fait avec les convocations de la jsutice, et des milliers de Brésiliens sont sortis dans la rue pour protester.
Dans la foulée, comme en écho aux slogans, les élus du Parlement brésilien ont ensuite donné un coup d’envoi à une procédure « de destitution de la présidente ». Dilma Rousseff est accusée, par l’opposition, de « maquillage des comptes publics » en 2014 et en 2015.
Le dossier est entre les mains de 65 élus qui doivent rédiger un rapport sur son éventuelle implication. En cas de mise en accusation, Dilma Roussef serait écartée provisoirement de ses fonctions pendant 180 jours au maximum. Deux tiers des voix des sénateurs (54 sur 81) seraient requises pour la destituer immédiatement, faute de quoi elle réassumerait immédiatement ses fonctions.