En mars 2014, un tribunal de Düsseldorf a condamné Josef D. (un extrémiste décrit comme très proche de Mohamed Hajib) à deux ans et demi de prison pour appartenance au mouvement terroriste des Moudjahidine, affilié à Al-Qaïda, après avoir rejoint la région frontalière afghano-pakistanaise en 2010, dans l’intention de participer à la guerre en Afghanistan. Le Bureau du procureur général fédéral a inculpé formellement inculpé Josef D. de terrorisme le 13 septembre 2013.
L’affaire Mohamed Hajib est en réalité une somme d’ambiguïtés. Les détails sur ce dossier sont très peu connus ; à peine s’il en transpira quelques révélations ça et là. Il n’est peut-être pas inutile de proposer aujourd’hui un point de comparaison d’où l’on pourra tirer plus d’un enseignement. La radicalisation de Mohamed Hajib s’est en effet articulée sur un thème précis, le djihad en Afghanistan, en choisissant de rejoindre le courant extrémiste Jamaat Tabligh (JT) dont les madrasa sont un véritable réseau d’endoctrinement de la jeunesse sans relief au Pakistan et qui continuent de tourner à plein régime malgré les alertes internationales sur leurs activités.
Sous prétexte de se consacrer à l’apprentissage de ce qu’on appelle Fiqh al-da’wa (théologie et droit de la prédication), Mohamed Hajib choisit de rejoindre le pôle pakistanais du Tabligh en vue de devenir un irréductible prosélyte, attendu l’homogénéité doctrinale et organisationnelle de cette antenne. Il vole fin juin 2009 pour la capitale turque Istanbul, avant d’embarquer vers Mashhad (une ville située dans le nord-est de l’Iran, connue pour abriter des rassemblements religieux d’envergure), avant d’entreprendre le chemin du Pakistan. Toutefois, avant de quitter l’Allemagne, il a été accompagné d’un certain Josef D, avant de s’en séparer à la suite d’une violente dispute. Ce dernier a été condamné en 2014 pour appartenance au… mouvement terroriste des Moudjahidine, une des organisations combattantes d’Al-Qaïda, par un tribunal de Düsseldorf, ville située à l’ouest de l’Allemagne dans le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Josef D. considéré comme terroriste et Mohamed Hajib, dépeint comme «activiste politique» ? Josef D. est passé par la case prison, tandis que les autorités allemandes affichent une «complicité [coupable] à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui ayant divulgué des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains» pour reprendre les termes de la diplomatie marocaine ?
Mohamed Hajib a été condamné en 2010 au Maroc à dix ans de réclusion pour terrorisme, une sentence ramenée à cinq ans début 2012, mais son affaire contient encore des zones d’ombre.
«Le germano-marocain Mohamed Hajib était considéré comme un élément dangereux aux yeux des autorités de sécurité allemandes» rapporte le site allemand Tagesschau. «Hajib a intenté une action en justice contre la République fédérale d’Allemagne avec son avocat. Mais il a été prouvé qu’il était affilié à un mouvement de prosélytisme extrémiste comptant environ 12 millions d’adeptes dans le monde, notamment au Pakistan et en Inde. Après un voyage à l’été 2009 dans cette zone, il a été répertorié comme une menace par les autorités allemandes» rapporte la même source.
L’ambassade d’Allemagne à Islamabad a évoqué un «cas politiquement explosif» dans un e-mail. «Les interrogations avec Hajib ont porté à plusieurs reprises sur les raisons de son voyage et, surtout, sur la personne avec laquelle il avait initialement quitté l’Allemagne pour l’Iran: Josef D. de Dortmund. Cet islamiste a été condamné à deux ans et demi de prison à Düsseldorf en 2014 pour appartenance à un groupe terroriste associé aux talibans. Les juges ont déclaré qu’il s’était rendu dans la région frontalière entre l’Afghanistan et le Pakistan pour rejoindre la lutte armée, où Hajib y était déjà détenu. Ce dernier prétend ne rien savoir des plans de Josef D.» rapporte la même source.
Lorsque Hajib est revenu du Pakistan le 17 février 2010, «les autorités de sécurité allemandes ont continué à supposer que l’entrée en République fédérale servirait à commettre des attentats terroristes» rapporte la même source. La sécurité de l’État de Hesse a coordonné l’action à l’aéroport de Francfort. «25 fonctionnaires fédéraux et étatiques étaient en service. Peu de temps avant que Hajib ne puisse quitter l’aéroport par la douane, il a été intercepté par des agents qui lui ont déclaré laconiquement qu’il représentait un danger pour l’Allemagne», a-t-on ajouté.
Les autorités allemandes étaient convaincues que le voyage de Hajib était de nature prosélyte. «La participation au djihad, cependant, ne peut être totalement exclue» renchérit le site Tagesschau. «Les officiers m’ont dit très clairement: vous n’êtes pas autorisé à quitter l’aéroport à moins que vous ne vous rendiez au Maroc», indique la même source citant Hajib. Mais la police criminelle de l’Etat de Hesse à confirmé au journal Der Spiegel que le retour de Hajib au Maroc «était volontaire» et qu’à «aucun moment des pressions sur lui ont été exercées pour le forcer à quitter l’Allemagne».