C’est parce qu’il et français, aux yeux bleus, qu’il est jugé au Maroc, par une justice marocaine à laquelle par définition les gaulois ne font automatiquement pas confiance car « bananière », que Thomas Gallay, condamné dans une affaire de terrorisme au Maroc, serait innocent.
Arrêté le 18 février 2016 à Essaouira, il a été condamné le 14 juillet 2016 à Rabat à six ans de prison pour trois chefs d’accusations: soutien financier à des personnes en vue d’acte de terrorisme, tenue de réunion publique sans déclaration préalable et organisation d’activités au sein d’une association non déclarée.
Hier mercredi 22 février, il était jugé devant la Cour d’appel.
Son avocat, Me Frank Berton n’a pas mâché ses mots: « Depuis la mise en examen de mon client, le dossier tourne au ralenti. Les audiences sont constamment écourtées quand elles ne sont pas purement reportées. Je me suis déplacé trois fois pour rien. Les réquisitions du procureur se sont déroulés il y a plus d’un mois! Je veux bien que la justice soit lente mais là on se fiche de nous», s’est-il insurgé avant d’e rajouter une couche: » Les droits les plus élémentaires de mon client ont été bafoués. C’est honteux! ».
La justice marocaine qui se fiche de cet avocat et de son client, se doit de s’exécuter car ce « ténor du barreau » s’est mis en colère, d’autant plus qu’il dit avoir été notifié qu’il ne pourrait pas plaider en français pour ce dossier, malgré l’autorisation qu’il a reçu du ministère. «Je ne comprends pas cette décision. C’est absurde, j’ai déjà plaidé en français plusieurs fois devant cette cour, sans que cela ne pose problème. Et là, je devrais me taire. Ils violent de nouveau les droits de Thomas. Nous nous laisserons pas faire», affirme ce justicier.
Pourtant, cet avocat est censé savoir que dans son pays, il y a un marocain, un chanteur qui croupit en prison depuis plusieurs mois, accusé de viol d’une jeune femme française, et que la justice française semble avoir oublié. Ses avocats, marocains et français, par respect à cette justice, prennent leur mal en patience et évitent de s’en prendre à elle ou de l’accuser de se « ficher d’eux ». Tous ce qu’ils veulent, c’est que leur client, en l’occurrence Saad Lamjarred, soit jugé.
Incarcéré à Fleury-Mérogis depuis octobre dernier, le chanteur marocain, à travers ses avocats, a formulé des demandes libération provisoire, toutes rejetées par la justice française.
Incarcéré à la maison d’arrêt de Salé depuis février, Thomas Gallay a, lui aussi, formulé trois demandes de libération provisoire, toutes été rejetées.
Tout le monde est quitte.
Ces deux affaires qui bien évidemment n’ont rien à voir l’une avec l’autre, interpellent au moins sur la manière avec laquelle ceux qui viennent de l’hexagone nous traitent, n’hésitant pas à mépriser les institutions d’un pays qui s’est débarrassé, il y a plus d’un demi siècle, du joug colonial.
A défaut de plaider la cause de son client, en toute sérénité et responsabilité, devant un tribunal marocain, Me Frank Berton, a préféré ameuter la foule, en « plaidant » auprès auprès de ONG des droits de l’homme (Human Rights Watch, Amnesty et autres), la presse française, et même auprès de l’ancienne Garde des Sceaux Christine Taubira, avec l’espoir d’exercer une éventuelle pression sur la justice marocaine, un procédé qui fonctionnait peut être il y a quelques décennies, mais qui est réduit de nos jours à un prêche dans le désert car le Maroc, fort de ses institutions, a entre-temps mûri, s’est démocratisé et n’a plus besoin de donneurs de leçons.
Le bon sens voudrait que ce « ténor du barreau » français, fasse son devoir pour sortir son client de la prison au lieu d’hurler avec les loups qui guettent le Maroc à la recherche de tout prétexte pour ternir son image.
Moralité de l’histoire, la justice marocaine n’est pas plus lente que son homologue française, alors patience.