Attachée à ses convictions, méthodiste, cultivée, invoquant l’inviolabilité de la souveraineté marocaine et les principes de droit, Karima Benyaich promeut la grandeur de la diplomatie nationale. Une figure essentielle qui s’élance depuis quelques semaines pour défendre la voix du Maroc dans l’affaire Brahim Ghali, le pied sur les décombres tout fumants des compromissions de l’axe Madrid-Alger.
Rien ne l’arrête, ni le double jeu de Madrid qui a détourné l’alliance avec Rabat de son objet en subordonnant les intérêts essentiels du Maroc aux calculs du palais de la Moncloa, ni même le tweet sexiste de Javier Otazu, chef du bureau de l’agence EFE au Maroc. Le coup d’œil, la répartie, elle dénonce le courant qui ne pratique la politique que dans les dessous, la diplomatie que dans les coulisses.
«La crise Espagne-Maroc incarnée par deux femmes : [Arancha González Laya qui] opte pour le silence et la discrétion; [Karima Benyaich] par des déclarations d’un ton de plus en plus fort. Deux styles, deux philosophies» a écrit le journaliste qui enchaîne des tweets pathétiques depuis le déclenchement de la crise maroco-espagnole. Comprendre : Karima Benyaich est déchaînée, torrentueuse, martiale, et ses déclarations admettent un ton sévère, alors que son homologue espagnole opte pour la retenue. Mais la vérité est tout autre. Arancha González Laya est compromise dans l’indigne et inextricable imbroglio de la diplomatie secrète qui a mené à l’affaire Brahim Ghali, un scandale préparé de longue main par de hauts responsables du gouvernement espagnol.
«L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, est l’une des figures émergentes de la crise diplomatique entre Madrid et Rabat. Bien qu’elle ait regagné Rabat sine die jusqu’à ce que toutes les questions entourant l’affaire Ghali aient été clarifiées, Mme Benyaich (Tétouan, 1961) continuera d’être l’un des noms qui rythmeront les relations entre les deux pays dans un proche avenir. Parlant un espagnol impeccable, elle est la première femme à occuper le poste d’ambassadrice du Maroc en Espagne» rapporte le site La Razón.
Précocement instruite dans les secrets de la politique marocaine, elle est décrite comme très cultivée, familière avec les réalités historiques du Maroc, pleine de politesse, d’esprit, de nuances, rompue aux mœurs diplomatiques. Mme Benyaich est fille du médecin personnel du roi Hassan II, Fadel Benyaich – mort à l’âge de 37 ans lors des événements de l’été 1971 survenus dans la ville de Skhirat, au sud de Rabat. L’ambassadrice est diplômée en droit de l’Université de Montréal (Canada) et titulaire d’une maîtrise en économie de la même université. Son frère Mohamed Fadel Benyaich est également diplomate et a été ambassadeur du Maroc en Espagne de 2014 à 2017. En 2008, Karima a été nommée ambassadrice du Maroc au Portugal. En juin 2017, elle deviendra ambassadrice du Royaume du Maroc en Espagne. De plus, elle est membre de plusieurs associations liées aux femmes, à la culture et aux enfants.
Lors de la remise des lettres de créance au roi Felipe VI en juin 2018, Mme Benyaich a souligné que sa mission était de «porter au sommet les relations d’amitié et de coopération multidimensionnelle, de développer davantage nos échanges économiques et culturels et de garantir les intérêts de la communauté marocaine [en L’Espagne, estimée à] près d’un million d’habitants, qui est au centre des préoccupations du roi [Mohammed VI]».
En novembre 2020, en marge des événements de Guerguerat, l’ambassadrice a continué de confirmer les bonnes relations entre les deux pays: «la coopération entre le Maroc et l’Espagne ne se limite pas à la question de l’immigration, des droits et les relations exquises entre les ministères de l’Intérieur des deux pays. Elle englobe d’autres domaines politiques, économiques et sociaux qui incarnent l’excellence des relations que mènent les deux pays».
Un mois plus tard, en décembre 2020, Mme Benyaich a été convoquée pour consultations à la suite des déclarations de Saad-Dine El Otmani accordées à une chaîne de télévision dans lequelles il affirmait que Sebta et Melilia étaient «tout aussi marocaines» que le Sahara.
Avant deux semaines, «entre 8 000 et 9 000» migrants – un chiffre sans précédent – étaient entrés dans le ville de Sebta, sur la côte méditerranéenne du Maroc, une crise qui est survenue alors que l’affaire Brahim Ghali, hospitalisé en Espagne, prend des dimensions inattendues. Mme Benyaich a alors averti qu’«il y a des actes qui entraînent des conséquences».
Par la suite, le chef de la diplomatie marocaine a assuré que si Brahim Ghali quittait le sol espagnol de la même manière qu’il est entré – c’est-à-dire en utilisant une fausse identité et sans en avertir Rabat, la crise entre les deux voisins s’aggraverait: «L’Espagne a malheureusement choisi l’opacité, en agissant dans le dos du Maroc, accueillant et protégeant ce criminel et bourreau, utilisant des raisons humanitaires comme prétexte et portant atteinte à la dignité du peuple marocain» avait déclaré l’ambassadrice marocaine. Depuis Rabat, elle intervient dans ces moments difficiles «pour surmonter la rupture douloureuse et incertaine entre le Maroc et l’Espagne» conclut La Razón.