Le maire de Kenitra, Abdelaziz Rabbah (PJD) risque de priver la population de cette ville d’un projet d’ « éclairage durable » financé par l’Union Européenne (UE) pour un montant d’un million d’euros à cause de son incompétence et du retard pris dans son exécution.
Selon des documents auxquels barlamane.com a eu accès, le chef de Coopération à la Délégation de l’Union Européenne à Rabat, Philip Mikos, a adressé, les 11 juillet et 30 août derniers au maire PJD de la ville de Kenitra, Abdelaziz Rabbah, deux correspondances relatives au suivi de l’état d’avancement du projet baptisé « éclairage durable de la ville de Kenitra », financé par un don de l’UE, d’un montant d’un (1) million d’euros.
Ce rappel à l’ordre intervient après la visite d’inspection sur les lieux effectuée par un consultant de la délégation de l’Union Européenne à Rabat qui avait constaté qu’aucune activité n’a été réalisée par cette commune en rapport avec ce projet.
Un constat accablant pour Abdelaziz Rebbah, dirigeant en vue du parti de la justice et du développement et ministre de l’équipement, des transports et de la logistique dans le cabinet d’Abdelilah Benkirane.
A travers la première correspondance, ce diplomate fait part de son inquiétude concernant la mise en œuvre du projet en question, indiquant que les activités prévues dans ce cadre n’ont pas été engagées et qu’un retard de plus d’un an était déjà à déplorer, d’autant plus qu’un préfinancement d’un montant de 51.000 euros a été effectué depuis le 31 décembre 2014, lors de la signature du contrat du lancement de cette entreprise.
Philip Mikos se plaint, également, du retard accusé dans l’envoi des rapports d’exécution technique et financière du projet, devant être remis initialement à la délégation de l’UE à Rabat le 1er avril 2016 invitant Abdelaziz Rabbah à lui adresser spécifiquement les quatre rapports à savoir : « narratif intermédiaire », « financier intermédiaire », « vérification des dépenses » et de « paiement » et ce, dans un délai de trente jours, à compter du 12 juillet 2016, faute de quoi la délégation de l’UE pourrait résilier le contrat et procéder au recouvrement des montants déjà payés et non justifiés.
Le responsable européen relève, en outre, lors des échanges et des réunions ayant eu lieu entre les deux parties, un manque flagrant d’appropriation du projet et des capacités limitées au niveau de cette commune.
Bien que les rapports demandés soient adressés, le 10 août dernier par la mairie de Kenitra, annexes, notamment, de la demande de paiement du solde de financement du projet en question, Philip Mikos rebondit, à travers la seconde correspondance, pour préciser que cette annexe s’avère non conforme aux modalités de paiement prévues par le contrat signé entre les deux parties, tout en exigeant que celle-ci soit accompagnée d’un rapport financier « lisible », illustrant un total des dépenses effectivement encourues.
Ce diplomate européen impose, également, l’élaboration d’un rapport faisant état des livrables et des indicateurs permettant de justifier l’avancement annoncé des activités de ce projet et fournissant un niveau de détail en mesure de l’évaluer sur la base des taches réalisées pour chaque activité, de la méthodologie utilisée et des résultats obtenus.
Philip Mikos réclame, par ailleurs, que la demande de préfinancement ultérieure soit dument justifiée et bien détaillée, renfermant des propositions « réalistes » et « concrètes », permettant d’envisager une accélération de l’avancement des travaux, ainsi que des éléments « tangibles » démontrant les préparatifs pour l’exécution des activités prévues pour la deuxième année de mise en œuvre de ce projet, tout en identifiant les risques et défis auxquels fait face le projet.
Il conclut que son institution s’attend à ce que la mairie de Kénitra apporte les éléments de clarification nécessaires pouvant justifier les dépenses éventuelles déjà engagées, ainsi que les dépenses prévues pour les activités à venir sur la prochaine période de reporting.