Le mercredi 3 novembre, l’Algérie a annoncé la mort (non vérifiée) de trois de ses ressortissants dans un bombardement. Selon Alger, l’attaque qui a eu lieu à Bir Lahlou au Sahara. Selon la politologue spécialiste du conflit au Sahara Khadija Mohsen-Finan, «rien n’est à exclure».
«Le Maroc a pour stratégie de se tourner vers l’Afrique avec une ambition de leadership. Se plonger dans un conflit armé ne l’arrangerait pas du tout, même s’il en a les moyens matériels. De l’autre côté, pour l’Algérie, il suffit d’une tension, à minima, pour que le pouvoir ravive le nationalisme, mais aller plus loin, pour un pouvoir déjà en situation de divorce avec sa société ne l’arrangerait pas. Je ne pense donc pas qu’ils s’affronteront, militairement, mais ils peuvent passer par d’autre biais» a déclaré la politologue spécialiste du conflit au Sahara Khadija Mohsen-Finan, dans un entretien accordé à TV5 Monde.
Selon elle, «Alger peut armer le Front Polisario, peut passer par une entente avec les Maliens sur tel ou tel positionnement ou peut activer le levier énergétique. Ce qu’on peut qualifier de guerre énergétique a d’ailleurs déjà commencé. Il s’agit désormais de ne pas acheminer le gaz naturel algérien par le Maroc, mais le faire passer directement sous la Méditerranée. C’est une façon, pour l’Algérie, d’handicaper, économiquement, le Royaume du Maroc en le contraignant à acheter le gaz algérien, directement, à l’Espagne. L’engagement d’Alger sur cette voie montre que le pays est sensible à ce qu’il s’est passé et s’engage dans l’affrontement avec le Maroc».
«Stratégiquement, le Maroc veut mettre en avant sa sagesse et sa pondération, face à une Algérie entraînée par la colère et la déraison» a-t-elle dit. «Jusqu’à présent l’administration Biden n’est pas revenue sur le dossier du Sahara et ne reviendra sûrement pas dessus. Néanmoins, il est possible qu’elle œuvre à aller vers un habillage juridique de la résolution de ce conflit. À mon avis, l’administration Biden ne serait pas gênée de voir le Sahara attribué au Maroc, à condition que les formes juridiques du droit international soient respectées. Cela implique donc le fait que ça se fasse par le biais des Nations Unies, quelle que soit la forme.»