La sahraouie Khadijatou Mahmoud a décidé de raconter son expérience de réfugiée dans un camp de Tindouf au site Atalayar, où elle affirme avoir été victime d’un viol par le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, actuellement hospitalisé en Espagne.
Résidente sahraoui en Espagne, Khadijatou Mahmoud a déposé une plainte en 2013 accusant le chef du Front Polisario Brahim Ghali de viol. Après avoir appris que ce dernier a été accueilli en Espagne, selon le gouvernement pour des «raisons humanitaires», Mme Mahmoud est devenue une lanceuse d’alerte exhumant les violations perpétrées par le Polisario. En Espagne, Brahim Ghali fait également l’objet d’une autre enquête à la suite d’accusations de crimes contre l’humanité formulées par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEDH), basée en Espagne.
«Brahim Ghali n’est pas seulement accusé de torture et de meurtre. Il est également présumé coupable d’avoir commis des crimes de viol contre des femmes réfugiées dans le camp de Tindouf. Mme Mahmoud a été victime d’un viol présumé par le chef séparatiste et, dans un acte de courage compte tenu du contexte social compliqué dans lequel elle se trouvait, a décidé d’élever la voix et a dénoncé ce qu’elle a subi» affirme Atalayar.
Brahim Ghali comparaîtra devant la Cour nationale le 1ᵉʳ juin après avoir reçu des plaintes d’associations sahraouies qui l’accusent d’avoir commis des crimes contre l’humanité. Interrogée, Khadijatou Mahmoud a affirmé que «sa plainte sera discutée demain». «Je ne suis pas la seule victime de Brahim Ghali, il y en a d’autres. Mais je crois en la justice espagnole» a-t-elle affirmé.
L’hospitalisation en avril dans un établissement de Logroño (nord de l’Espagne) de Brahim Ghali a provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. Le chef du Polisario a voyagé «avec des documents falsifiés et une identité usurpée», a affirmé la diplomatie marocaine. Rabat affirme disposer d’informations sur les «complicités» dont M. Ghali a bénéficié avant son départ et compte «dévoiler plus d’éléments en temps opportun». Permettre à ce dernier «de rentrer chez lui, contourner la justice espagnole et ignorer les victimes serait un appel au pourrissement», a mis en garde Nasser Bourita.
«Les victimes n’ont pas le courage de s’exprimer. Si elles prenaient le risque de parler, elles courraient un grave danger. Brahim Ghali est la pire chose qui puisse arriver à l’humanité. C’est un criminel. À Tindouf, le Polisario marche sur les brisées de Daech en termes d’exactions criminelles», affirme Mme Mahmoud. «Pour le Polisario, tuer et violer, c’est comme si on buvait un verre d’eau» s’étrangle-t-elle.
«J’ai dénoncé mon viol par Brahim Ghali en Espagne. Je n’étais pas assez préparée pour en parler. Même aujourd’hui, cela me coûte encore. Cela me coûte cher» a-t-elle déploré. S’agit de l’hospitalisation de son bourreau à Logroño, Mme Mahmoud affirme que «l’Espagne a reçu un terroriste». «L’Espagne a offert des soins à un terroriste qui est un criminel et un meurtrier. Évidemment cela ne semble pas juste. Je crois en la justice de ce pays, mais il est de toute évidence qu’il fallait ne pas lui permettre d’accéder au pays. En tant que victimes, nous avons le droit d’agir et nous avons déposé une plainte parce que nous connaissons nos droits. Le moment est venu pour la justice de faire son travail» pointe la jeune femme.
Cette dernière, courageuse, ne craint pas les conséquences de sa démarche. «Brahim Ghali et des membres du Polisario sont venus me proposer d’abandonner la plainte moyennant un emploi et une contrepartie pécuniaire, mais j’ai catégoriquement décliné cette proposition», confesse-t-elle.