L’apparition du variant Omicron et de la troisième vague a poussé les autorités marocaines à mettre en place des mesures préventives, notamment le maintien des frontières fermées jusqu’au 31 janvier. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le ministre de la santé, Khalid Aït Taleb a éclairé sur la situation épidémiologique au Maroc.
Concernant le contexte épidémique actuel au Royaume, Khalid Aït Taleb estime qu’il « ne diffère pas de ce que nous pouvons observer à l’international. Chacun doit faire face au problème du variant Omicron, et composer avec ses propres moyens » et ajoute qu’« il faut plus de rigueur dans l’application des gestes barrières, et une vaccination accrue des jeunes ».
Selon le ministre de la santé, le Royaume a adopté depuis le début, le bon positionnement stratégique. Et ce, en anticipant la vaccination dès le mois de mars 2020. « Nous avons été parmi les premiers à nouer plusieurs accords de partenariat pour l’obtention des vaccins, ainsi que sur des transferts technologiques ».
Au Maroc, deux vagues ont été évitées, d’après Ait Taleb. « Nous n’en sommes qu’à la troisième, là où d’autres en sont à leur cinquième ».
Cet exploit est dû aux investissements effectués dans les infrastructures pendant les périodes de quiétude, explique le ministre. « Nous sommes ainsi passés de 685 à 5258 lits de réanimation, et de 22 000 à 28 000 lits hospitaliers. Nous sommes également en capacité de fabriquer nos propres tests PCR ».
« Un pic devrait être atteint aux alentours de la fin du mois de janvier et début février »
Par ailleurs, Ait Taleb rassure sur la capacité hospitalière qui, selon lui, n’est pas affectée, avec seulement 5,80 % des lits en réanimation occupés. Ceci dit, il met en garde contre un pic qui devrait être atteint aux alentours de la fin du mois de janvier et début février.
D’après la même source, le Maroc dispose d’indicateurs très favorables, avec un taux d’incidence assez bas, un taux de létalité de 1,5 % et des formes graves n’excédant pas 5 % du total des cas. « Mais notre système connaît tout de même des contraintes, notamment en matière de ressources humaines. Nous avons fait face à plusieurs pénuries de médecins et d’infirmiers, et le niveau d’épuisement du personnel nous interpelle ».
A cet égard, il appelle à davantage de contributions de la société, autrement dit, plus de rigueur dans l’application des gestes barrières, et une vaccination accrue des jeunes.
Pour ce qui de l’imposition du pass vaccinal, Ait Taleb insiste sur l’importance de ce « devoir civique », « le monde entier est en train d’instaurer le passe vaccinal. Nous ne l’avons pas imposé, mais nous souhaitons qu’il participe à la stratégie de lutte contre la pandémie. Son objectif principal est d’inciter les gens à la vaccination ».
Un autre volet a été évoqué, celui de l’approvisionnement en vaccins. Afin de gérer au mieux le stock, le Maroc a compté sur la diversité des vaccins, à savoir Sinopharm, Johnson & Johnson, AstraZeneca et Pfizer. Le ministre explique qu’un calendrier de l’approvisionnement est établi, de manière à ce qu’il n’y ait pas de pénurie liée à l’arrêt des livraisons.
La paralysie financière du secteur touristique due à la fermeture des frontières n’a pas échappé aux discussions. « Cette décision a été prise au moment où l’Europe connaissait une recrudescence exponentielle des cas de contamination. Au Maroc, le variant Omicron existait déjà et a été importé bien avant cette décision. Plusieurs solutions et mesures ont été apportées par le Roi Mohammed VI et le gouvernement pour aider les secteurs affectés à faire face à la crise. »
En réponse à la question portant sur la production du vaccin anti-Covid au Maroc et de son état d’avancement, Ait taleb indique que l’encouragement à la production locale, le potentiel des dispositifs médicaux et des médicaments font partie des leçons positives retenues de cette crise.
« Molnupiravir a montré ses bienfaits contre le Covid »
Il ajoute que la diffusion du médicament Molnupiravir s’inscrit dans le cadre du protocole thérapeutique visant à faire face au variant Omicron. Cet antiviral, utilisé depuis longtemps pour d’autres traitements, a montré certains bienfaits contre le Covid, et réduit l’hospitalisation de 50 %. Le Maroc dispose d’une quantité suffisante pour l’ensemble de ses citoyens.
En ce qui concerne la coopération avec d’autres pays durant cette crise, le Maroc a coopéré avec ses amis d’Afrique, dans le cadre de la coopération Sud-Sud voulue par le Roi. « Nous avons exporté d’importantes quantités de masques et de chloroquine vers plusieurs pays africains. Par ailleurs, nous avons tenu plusieurs réunions par visioconférence avec des ministres de la Santé africains à distance, ce qui nous a permis d’échanger avec nos partenaires », fait-il savoir.
Il a également ajouté que le royaume a étroitement travaillé avec la Chine à travers un partage important des connaissances dans l’étude de la phase quatre des essais vaccinaux, dans le suivi des vaccinés, ou encore lors des enquêtes sérologiques.
Pour ce qui est de la réouverture des frontières, prévue pour le 31 janvier, Ait Taleb avance que « personne ne peut dire si les frontières seront rouvertes ou non. On gère au jour le jour. Nous avons des indicateurs, nous les suivons. Le pic de cette vague devrait être atteint d’ici la fin du mois de janvier. Nous nous prononcerons à ce moment-là ».