Khaled Drareni, représentant de Reporters sans frontières (RSF) pour l’Afrique du Nord, affiche des positions de plus en plus équivoques avec le régime algérien. Dans un entretien à El Pais, ce denrier pèse ses mots quand il s’agit de l’Algérie et accable le Maroc malgré les éclaircissements des autorités sur la situation de quelques détenus incarcérés.
Le plus étrange, encore, se sont ses déclarations mesurées quant à la très grave affaire du patron de presse algérien Ihsane El Kadi, poursuivi pour «financement étranger de son entreprise», condamné dimanche à cinq années de prison dont trois ferme. Une peine assortie d’une interdiction d’exercer pour la même durée à l’encontre de celui qui dirigeait le dernier groupe de presse indépendant d’Algérie, qui comprend Radio M et le site d’information Maghreb Emergent.
Emprisonné depuis le 29 décembre 2022, El Kadi était jugé au titre de l’article 95 bis du code pénal. Khalid Drareni, qui affiche son constant soutien envers des journalistes condamnés pour viol, évoque rarement les accusations fourre-tout relatives aux «actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’État, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale», utilisée par le régime algérien pour museler ses opposants.
Début janvier, plusieurs personnalités réunies par RSF avaient appelé à la libération d’El Kadi et à lever les entraves «inadmissibles» visant ses médias. Drareni n’a pas signé la pétition. L’ancien correspondant de la télévision TV5 Monde aurait-il troqué son costume de «khabarji» (informateur) à la solde de parties étrangères pour devenir la voix du régime algérien au sein de RSF ?
Début mai, lors d’une rencontre surprise avec le président Tebboune, Drareni a presque imploré l’autorisation du régime pour obtenir que le secrétaire général de l’organisation se rende en Algérie. Il a déclaré par la même occasion que son accueil par le président était «une étape positive» pour la liberté de la presse en Algérie, des propos qui ont offusqué les défenseurs des libertés.