La Banque mondiale a indiqué que les autorités algériennes ont opéré des montages financiers, peu orthodoxes, pour réduire le déficit budgétaire de leur pays, devenu incontrôlable. Ayant atteint 14,8 milliards d’euros (MMeuro) en 2020, il devrait s’établir à 17,4 MMeuro en 2021, sur fond de la détérioration de la situation économique du pays.
L’institution financière relève qu’Alger a comblé le déficit budgétaire et le déséquilibre financier, en opérant un prélèvement équivalent à 10,4 milliards d’euros sur le compte courant du Trésor public. L’essentiel de ses fonds sont issus du reliquat du programme de la « planche à billet », adopte au cours de la période 2017-2019, ayant permis à la banque centrale d’imprimer la somme globale de 40,80 MMeuro.
D’après la Banque mondiale (BM), les autorités algériennes ont, également, puisé dans les dépôts bancaires de la « Sonatrach » et « Algérie Poste » pour alléger le déficit budgétaire du pays, financer les dépenses des administrations publiques et d’autres charges publiques, dont le coût ne pouvait plus être supporté par l’Etat. Ces différentes opérations ont enfoncé le pays dans une crise de liquidité tout au long de l’année de 2020.
En outre, les fonds prélevés sur les comptes de ces deux établissements publics ont servi à renflouer, en 2018, les caisses du « Fonds de régulation des recettes » (FRR) par un montant de 1,9 MMeuro, après avoir été épuisé depuis 2017.
BM souligne que le recours aux liquidités des deux entreprises publiques précitées (constituant 4,9% du PIB en 2020), afin de financer le déficit budgétaire au lieu de passer par le circuit de la dette publique, a conduit à un bond des passifs non-bancaires, une gestion opaque des finances publiques et l’utilisation de mécanismes monétaires portant préjudice à la stabilité économique du pays.
Il sied de noter que ce genre de pratiques peu conventionnelles risquent d’être reconduit, dans les années à venir, par les autorités algériennes, dès lors que l’économie de leur pays est profondément touchée par la baisse des recettes fiscales et la dépréciation de la valeur de sa monnaie nationale (-20% par rapport à l’euro au cours de l’année de 2020).
Ces pratiques créent un environnement budgétaire défavorable et un déséquilibre budgétaire en creusement pour l’année 2021.