La Chambre des représentants a adopté hier, à la majorité en deuxième lecture, le Projet de la Loi de Finances 2020 (PLF 2020). Le dit projet a reçu l’aval de 171 représentants, alors que 62 autres s’y sont opposés.
La Commission des finances et du développement économique a adopté hier le PLF 2020 à une majorité de 21 représentants et l’opposition d’un seul membre et ce, en deuxième lecture suite à son adoption, vendredi dernier, par la Chambre des conseillers.
Selon le PLF-2020, le gouvernement table sur une croissance de 3,7% et ambitionne de poursuivre la maîtrise de l’inflation à un taux inférieur de 2% et de limiter le déficit budgétaire à 3,5%. Toutefois, le taux de croissance espéré par l’Exécutif n’est pas réaliste surtout que le taux de cette année est de 2,7%. Depuis 4 ans, le Maroc est davantage proche du pourcentage de 3% que celui de 4%. Il s’agit d’un taux qui apparaît plutôt optimiste. D’ailleurs, la preuve est que la Loi de Finances 2019 avait prévu un taux de croissance de 3,5% mais le Maroc ne va réaliser que 2,7%. Et si la croissance est moindre, le déficit budgétaire va être encore beaucoup plus élevé. Ainsi, les hypothèses du PLF 2020 ne sont pas réalistes ni envisageables.
Alors que le Chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, a annoncé lors de la première réunion du Conseil du gouvernement dans sa nouvelle mouture après restructuration, le 17 octobre 2019, que le PLF 2020 accorde la priorité aux secteurs sociaux, à la stimulation de l’investissement et au soutien aux PME, plusieurs mesures fiscales contenues dans le PLF 2020 visent l’alourdissement des charges fiscales. Par exemple, le taux de TVA de la voiture économique est passé de 7 à 10%. Les dattes conditionnées vont passer de 0 à 20%. Les viandes et les poissons livrés aux restaurants, vont passer de 0 à 20%. L’huile de palme, elle, de 10 à 20%. Certains matériels agricoles, de 10 à 20%. Rares sont les exceptions qui vont aller dans l’autre sens, à savoir les vaccins qui vont baisser de 7 à 0% et les cinémas, les théâtres et les musées qui vont passer de 20 à 10%.
Par ailleurs, le budget du PLF 2020 est difficile à boucler en raison du coût du dialogue social, du soutien au pouvoir d’achat et de la poursuite de la mise en oeuvre de la régionalisation avancée, en plus de la poursuite des principales réformes entamées dans plusieurs secteurs. Ce PLF, selon plusieurs partis politiques, chercheurs et organismes, est « absurde, voire même étrange » puisqu’à la lumière de certaines mesures, il va creuser les inégalités et les disparités sociales, régionales et territoriales. Et ce, compte tenu des hypothèses et des chiffres avancés par l’Exécutif qui ne reflètent pas les vraies conditions de vie des citoyens marocains.
En outre, Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration, a fait passer hier, l’article 9 du PLF 2020, dans la chambre basse du Parlement, qui stipule que les biens de l’Etat et des collectivités locales ne peuvent faire objet de saisie. Un article, très controversé, qui prend la défense de l’Etat occultant les intérêts des citoyens. Un article qui a suscité l’ire de plusieurs citoyens et organismes nationaux, notamment les avocats, les bâtonniers, la coordination nationale des diplômés chômeurs malvoyants et non-voyants, l’USFP et la CGEM.
Il semble ainsi que la Chambre des représentants a adopté à la majorité, en deuxième lecture, un PLF très contesté mais surtout qui s’appuie sur des hypothèses utopistes et irréalistes, qui, semble-t-il, va creuser les disparités sociales et territoriales comme en témoignent plusieurs organismes et chercheurs. Une autre question se pose également : comment l’Exécutif compte procéder pour boucler le budget de présent PLF ? Affaire à suivre …