Le chef de l’Etat ivoirien rappelle que «quarante-six pays d’Afrique subsaharienne ne sont représentés que par deux chaises au conseil d’administration» de l’institution.
Le président de Côte d’Ivoire Alassane Ouattara a appelé lundi 10 mai le Fonds monétaire international (FMI) à une meilleure représentativité des pays africains au sein de l’institution, ainsi qu’à plus de flexibilité concernant leur déficit budgétaire.
Le dirigeant, qui a occupé diverses fonctions au sein du Fonds, a rappelé qu’en 1945, à la création des institutions de Bretton Woods, l’Egypte, l’Ethiopie et l’Afrique du Sud furent les premiers pays africains à en être devenus membres.
«Il a fallu attendre les années 1990 pour que tous les pays africains y soient représentés», a-t-il ajouté lors d’une conversation virtuelle avec la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, à l’occasion des soixante ans du département africain que M. Ouattara a dirigé de 1984 à 1988.
«Toutefois, quarante-six pays d’Afrique subsaharienne ne sont représentés que par deux chaises au conseil d’administration du FMI avec un pouvoir de vote de 7,09 %», a-t-il déploré. «Ce constat montre que beaucoup de chemin reste encore à faire pour améliorer la représentativité du continent africain au Fonds monétaire », a-t-il souligné. Selon lui, la révision des quotas doit être « un point important à l’ordre du jour pour les pays africains».
«Mieux affronter la pandémie»
Le président ivoirien a par ailleurs souligné la nécessité de faire preuve de flexibilité en matière de déficit budgétaire «sans pour autant remettre en cause la soutenabilité de la dette publique et la solidité du cadre macroéconomique qui est la priorité des priorités».
M. Ouattara a été économiste au Fonds de 1968 à 1973, avant de diriger le département Afrique, puis de devenir conseiller du directeur général à partir de 1987. Il a aussi été directeur adjoint de juillet 1994 à juillet 1999.
«Quelques décimales de plus sur le déficit budgétaire rapporté au PIB permettraient à beaucoup de pays de mieux affronter la pandémie, de financer les dépenses urgentes de lutte contre le terrorisme et de bâtir à moyen terme des bases solides de paix pour leur développement», a-t-il argué.
M. Ouattara a souligné que l’important était que les ressources soient bien dépensées. Citant l’exemple de son pays, frontalier du Burkina Faso et du Mali confrontés au terrorisme, il a indiqué que le gouvernement allait consacrer cette année 1 % du PIB «pour s’assurer que ces terroristes ne puissent pas entrer en Côte d’Ivoire».
Il s’agit non pas d’un problème régional mais mondial, il concerne «tous les pays», «tous les peuples», «il faut donc solidarité et compréhension», a-t-il justifié. Le président a précisé qu’il entendait mettre cette problématique sur la table des discussions lors du sommet prévu à Paris le 18 mai.
De son côté, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a assuré que le Fonds était prêt à faire preuve de plus de flexibilité «à court terme», ne serait-ce que pour ne pas compromettre la reprise en Afrique.