Premières victimes du chômage : les jeunes qui subissent de plein fouet l’impact économique de la pandémie du nouveau coronavirus. A fin mars 2020, le taux de chômage est déjà monté de 9,1% à 10,5%. La situation pourrait sensiblement se détériorer durant les prochains trimestres, rapporte l’économiste dans son édition du 8 juin.
Les primo-accédants au marché du travail se trouvent aujourd’hui face au défi de l’arrêt ou le gel des embauches. Et pour le peu de postes créés, ils se retrouvent en concurrence avec des personnes ayant plus d’expérience. En outre, la majorité des employeurs ne prévoit pas de recruter dans les prochains mois.
Jesko Hentschel, directeur du Département Maghreb à la Banque mondiale, cité par l’économiste, indique la crise du coronavirus « aura, et a déjà dans certains cas, un impact direct sur l’emploi et sur la capacité de l’économie à en créer dans l’avenir proche. Cet impact est en effet d’autant plus accru lorsqu’il touche les jeunes ». En effet, selon un rapport de l’OIT (Organisation internationale du travail) sur l’impact de la pandémie sur la main-d’œuvre mondiale, plus d’un jeune sur six, âgé de 18 à 29 ans, a cessé de travailler depuis le début de la pandémie.
Il rappelle, toutefois, que seuls 50% des jeunes Marocains âgés entre 25 et 35 ans avaient un emploi, souvent précaire. « Aujourd’hui avec la crise de la pandémie, le défi de l’emploi des jeunes se pose de façon plus prononcée et impérieuse. Les récessions économiques à travers le monde nous le montrent : les jeunes, en particulier les moins qualifiés, sont les plus susceptibles de perdre leur emploi et donc leur source de revenus. Cet impact leur est particulièrement préjudiciable, car de nombreuses études indiquent que de longues périodes de chômage ou d’inactivité en tout début de carrière peuvent constituer un véritable obstacle pour que ces jeunes puissent rebondir professionnellement », explique-t-il.
Dans ce contexte, il indique que « cette pandémie, bien que pesant lourdement sur l’économie et pénalisant de nombreux secteurs, offre une opportunité au Maroc à plusieurs égards. Outre la possibilité pour le pays de renforcer son positionnement dans les nouvelles chaînes de valeur, le Maroc pourrait renverser la vapeur et mettre en place des politiques plus innovantes et audacieuses pour la création d’emplois ». Et ce, par exemple à travers un fort soutien à l’entrepreneuriat des jeunes, dans le secteur des services en particulier, ou la formation des jeunes à des métiers qui ont le vent en poupe, dans les nouvelles technologies, l’électronique ou le service à la personne.