Le Maroc importe des capitaux pour accélérer sa croissance. Une partie de ces capitaux sont empruntés, source d’un endettement qui se traduit ultérieurement par des contraintes pour l’ensemble de l’appareil public.
Le budget 2020 n’en finit pas de déchaîner les passions. La baisse des recettes fiscales a débouché sur une forte augmentation de la dette publique, et le ralentissement économique a provoqué des déséquilibres budgétaires. Pour faire face à la dégradation financière des comptes publics, le gouvernement a entrepris une stratégie fondée sur l’assainissement budgétaire, une combinaison de réductions des dépenses publiques et d’accroissements de la fiscalité.
La politique budgétaire de l’année 2020 se révèle avant tout une politique de solde normatif et relègue à l’arrière-plan la réflexion de fond sur le fardeau de la dette. Dans le projet de loi de Finances 2020, le Maroc a déclaré son intention d’emprunter 97,2 milliards de dirhams, tandis que les crédits destinés au paiement des intérêts et des commissions découlant de sa dette sont estimés à 29 milliards de dirhams. Le montant à emprunter au cours de cette année (97,2 milliards de dirhams) ne suffira guère à couvrir le coût de l’endettement (96,5 milliards de dirhams).
Il ressort des chiffres du projet de loi de Finances 2020 que l’encours de l’ensemble des emprunts contractés par les pouvoirs publics pour faire face à leurs besoins de financement commence à peser lourdement sur le budget de l’État. L’écart budgétaire prévu pour le budget de l’Etat en 2020 atteindra 139,04 milliards de dirhams, cette augmentation est principalement due au remboursement de la dette publique, qui devrait atteindre 67,5 milliards de dirhams en 2020, contre 39,2 milliards de dirhams en 2019, ce qui représentait 49% du total des besoins de financement du budget de l’État. S’agissant du solde du budget, résultant des dépenses et des soldes de l’État, hors flux liés à la dette, sa part est tombée à 51%, soit 71,5 milliards de dirhams.
Pour combler ce déficit, le gouvernement prévoit de recourir à de nouveaux emprunts d’un montant de 97,2 milliards de dirhams, contre 76,54 milliards de dirhams dans le budget 2019, soit une augmentation de près de 27,6%. Selon la Loi de Finances, le montant de 97,2 milliards de dirhams sera réparti sur le marché financier local (environ 66,2 milliards de dirhams) et sera contracté sur le marché financier international (31 milliards de dirhams en devises).
L’indice d’endettement est une indication de l’incapacité des gouvernements à mobiliser des ressources financières supplémentaires répondant à l’évolution des dépenses de l’État. Les données du 29 mars 2019 du ministère de l’Économie et des finances ont révélé que la dette extérieure du Royaume s’élevait à 326 milliards de dirhams. Quant à la dette intérieure du Maroc, elle s’élevait à 558,3 milliards de dirhams.
La banque centrale prédit que la dette publique du Royaume passera de 65% du PIB en 2018 à 65,8% cette année, avant de tomber à 65% l’année prochaine, sous l’influence de la dette intérieure.
La dette publique du Maroc, qui comprend la dette du Trésor public, des institutions publiques et des collectivités territoriales, est passée de 82% du PIB en 2017 à 82,2% en 2018 et devrait atteindre 82,5% cette année, selon le Haut-Commissariat au Plan. La dette intérieure représente plus de 51% du produit intérieur brut. Les intérêts sur la dette intérieure se sont élevés à 21,4 milliards de dirhams en février, selon le ministère des finances.
La Cour des comptes, institution de contrôle des finances publiques) a estimé que l’augmentation de la dette du Trésor, due à l’augmentation du déficit et à la tendance à emprunter, était un signe de l’échec des objectifs fixés par le gouvernement pour réduire la proportion de la dette à 60% du PIB d’ici 2021, ce qui est difficile à atteindre.