Lors d’une journée d’étude organisée aujourd’hui à Kénitra sur le thème de la lutte contre l’extorsion sexuelle sur internet, Ahmed Ben Dahman, commissaire divisionnaire de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), a mis en exergue les efforts fournis par le Maroc pour combattre ce fléau.
Ahmed Ben Dahman, commissaire divisionnaire de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), a indiqué lors de la journée d’étude organisée ce jeudi à l’Institut royal de police de Kénitra que les technologies de l’information et de la communication, dont les réseaux sociaux, ont révolutionné le quotidien d’une grande partie de la population. Toutefois, cette influence se fait également sentir dans le domaine de la cybercriminalité.
Par ailleurs, les cybercriminels se sont montrés très créatifs en matière d’extorsion sexuelle en ligne. Bien entendu, ce type de menace est punissable. Il s’agit de l’infraction d’extorsion, relève Ahmed Ben Dahman. En outre, le Maroc a adhéré à la Convention de Budapest sur la cybercriminalité en octobre 2018. L’adhésion du Maroc à ce processus lui a permis de tirer profit des moyens juridiques que cette Convention vise à atteindre. Ceux-ci consistent essentiellement en l’harmonisation du Code pénal national avec ses dispositions et en la mise en place d’un régime rapide et efficace de coopération internationale.
Pour sa part, Abderrahman Lamtouni, magistrat-chef de la section des affaires pénales au sein du ministère public, a attiré l’attention du public présent sur les mutations technologiques que les Technologies de l’information et de la communication (TIC) ont connues. Il a également fait savoir que les crimes de sextorsion sont devenus un business florissant dans le sillage du développement fulgurant des réseaux sociaux vu l’explosion des plaintes pour chantage. Il a, en outre, insisté sur l’existence de plusieurs articles au niveau du Code pénal condamnant diverses sortes d’extorsions. D’après lui, il est aujourd’hui nécessaire que des politiques publiques accompagnent cette politique pénale pour mieux lutter contre l’extorsion sexuelle sur internet.
Quant aux affaires de chantage et extorsion via internet, le service de lutte contre la criminalité liée aux nouvelles technologies a enregistré dans la période allant du premier janvier au 20 novembre 2019, 384 affaires de chantage et extorsion via internet, dont 312 affaires déclenchées au niveau national, 9 affaires émanant du ministère des Affaires étrangères, 61 affaires provenant de l’Interpol et 2 affaires qui font objet d’une commission rogatoire international.
En 2018, 407 affaires de chantage et extorsion via internet ont été enregistrées, dont 362 affaires déclenchées au niveau national, 6 affaires émanant du ministère des Affaires étrangères, 44 affaires provenant de l’Interpol et une affaire de l’ambassade des Etats-Unis. A cet égard, les investigations entreprises par les services de police ont abouti à l’arrestation de 330 personnes en 2019 contre 253 jusqu’au 20 novembre 2018, dont 75 ont été dénoncées pendant l’année 2018, 40 pendant l’année 2017, 17 pendant l’année 2016, 9 pendant l’année 2015 et 3 pendant l’année 2014.
A noter que les 384 affaires de chantage et d’extorsion peuvent être réparties en trois catégories : 278 affaires dont l’auteur se fait passer pour une jeune fille qui désire lancer des conversations audiovisuelles à caractère sexuel, au cours desquelles les victimes sont filmées, à leur insu, dans des situations obscènes, 65 affaires dont l’auteur se fait passer pour un ressortissant étranger désirant contracter mariage avec la victime et 33 affaires relatives a d’autres formes d’extorsion. Quant à la nationalité des victimes, 249 sont des Marocains alors que 126 sont des étrangers.