La conjoncture difficile, engendrée par l’apparition du covid-19 au Maroc, a provoqué une crise sans précédent dans divers secteurs, notamment le BTP.
La baisse d’activité du secteur du BTP, telle qu’estimée par la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP) s’est traduite par une chute du chiffre d’affaires aussi bien pour le bâtiment que pour les travaux publics de, respectivement, 75% et 60%.
Dans une lettre adressée au chef de gouvernement, la FNBTP explique ces réductions par quatre facteurs principaux. Premièrement, l’absence de main-d’œuvre qui, selon la fédération, a quitté volontairement les chantiers dès l’annonce de l’état d’urgence. La reprise s’avère donc laborieuse au regard des restrictions de circulation entre les villes imposées par les autorités. Deuxièmement, une baisse de productivité due au fait que le personnel restant ne peut réaliser certaines tâches à des postes clés. Troisièmement, un problème de fourniture sur les chantiers. En effet, plusieurs usines de matières premières sont soit fermées, soit elles refusent de livrer leurs marchandises et exigent un paiement d’avance, ce que la trésorerie des entreprises ne permet pas. Quatrièmement, les banques ne se sont pas précipitées à la rescousse du secteur, exigeant des garanties souvent impossibles à satisfaire pour profiter du crédit Oxygène, rapporte les inspirations éco dans son édition du jour.
Les banques considèrent le secteur du BTP comme un secteur trop risqué. Elles se servent, en premier lieu des décomptes encaissés, quoique ces décomptes ne représentent que 35% du chiffre d’affaires en temps normal, ne laissant ainsi aux entreprises que très peu de marge pour faire face aux autres dépenses. Résultat, la trésorerie des entreprises, même les plus grandes, rétrécit à vue d’œil, relève la lettre de la FNBTP. Dans ce contexte, la fédération sollicite l’intervention du chef de gouvernement. Elle estime « urgent de rectifier certains agissements et incompréhensions de la part de certains maîtres d’ouvrage et des banques, mais aussi d’anticiper la suite dans le but de préserver l’outil de production pour une bonne relance ». Elle a également formulé des propositions pour mieux gérer la crise. D’abord, elle demande que soit déclarée, par le gouvernement, la continuité d’activité du secteur ainsi que la reprise des chantiers à l’arrêt. Ensuite, la CNSS doit clarifier sa position par écrit concernant les employés éligibles à l’indemnité forfaitaire de 2.000 dirhams.
La fédération demande aussi au Chef du gouvernement de reconnaître la situation actuelle comme cas de force majeure pour tous les marchés publics et d’accorder aux entreprises qui le demandent la suspension des délais et des pénalités de retards. Il s’agit aussi de rappeler aux divers maîtres d’ouvrage de fluidifier les circuits de paiement pour permettre aux entreprises de faire face au manque de trésorerie, et d’envisager de donner des avances sur facture pour les décomptes en cours de validation, ainsi que la libération des cautions. Les banques sont aussi appelées à assurer le report sans intérêts des échéances de remboursement des crédits en respect des dispositions du Comité de veille économique.