Lors d’une conférence organisée le 24 janvier au siège de la CGEM à Casablanca avec la Fédération des Industries Culturelles et Créatives et la Wallonie Bruxelles International à Rabat sur le thème «Quelles transformations pour les ICC au Maroc. Focus sur 4 filières, l’édition, le spectacle vivant, l’audiovisuel et la musique».
Les industries culturelles et créatives (ICC) constituent un secteur émergent à forte valeur ajoutée, a indiqué, lundi à Casablanca, la présidente de la Fédération des Industries culturelles et créatives (FICC), Neila Tazi, pour mettre en évidence cette étude réalisée en étroite collaboration avec la Wallonie Bruxelles International, la président de la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC) nous détaille les contours de ce partenariat : «Nous avons signé en mai 2021 un accord de partenariat avec Wallonie Bruxelles International, l’organisme chargé des relations internationales de Wallonie-Bruxelles. La WB a beaucoup avancé dans la structuration de ce secteur à travers des agences spécialisées dans les filières. La convention porte sur divers aspects dont cette étude est la première étape. Nous serons amenées à échanger des informations, des expériences et à partager des bonnes pratiques pour contribuer à la structuration du secteur des ICC au Maroc. La convention porte également sur l’accompagnement de la participation des ICC marocaines au programme “Europe Créative 2021-2027” doté d’un budget de 2,44 milliards d’euros, ouvert aux organisations culturelles et créatives des pays membres de l’UE et d’autres pays. Nous sommes nombreux à nous mobiliser au niveau gouvernemental et opérateurs du secteur pour que le Maroc puisse accéder à ce programme qui investit dans des actions qui renforcent la diversité culturelle et répondent aux besoins et aux défis des secteurs de la culture et de la création».
Menée par une équipe de chercheurs marocains, à partir d’une revue de littérature élargie, et en interaction régulière et construite avec décideurs, acteurs et observateurs, cette étude de terrain propose des clés de décryptage du fonctionnement de quatre filières créatives au Maroc : l’Édition, les Arts de scène, les Musiques actuelles et l’Audiovisuel. Les partenaires et l’équipe de recherche se sont fixé comme objectif essentiel, à travers cette étude qualitative, d’apporter aux acteurs institutionnels une série de propositions pour renforcer les politiques publiques en lien avec les économies créatives au Maroc.
Cette étude intitulée “quelles transformations pour les Industries Culturelles et Créatives au Maroc ?” portant sur 4 filières du secteur des industries culturelles et créatives : Mme Neila Tazi partage que «ce choix est une initiative de la Wallonie Bruxelles qui répond à une volonté d’analyser plus spécifiquement des filières fortement subventionnées et surtout des domaines connaissant des mutations technologiques et générationnelles de taille, avec des effets de globalisation qui favorisent de nouvelles formes d’entrepreneuriat. Par ailleurs le temps impartit à cette étude ne permettait pas de travailler sur l’ensemble des filières. Nous espérons pouvoir à l’avenir étudier en détails d’autres filières avec une approche qualitative mais aussi quantitative. »
Le propos de l’étude n’est ni un diagnostic exhaustif ni une cartographie quantitative des filières et marchés culturels au Maroc, même si plusieurs éléments pertinents ayant trait à ces aspects y sont pris en compte. L’étude porte un intérêt particulier aux opérateurs·trices qui agissent, dynamisent et permettent, parfois, aux quatres secteurs étudiés de se développer en interne et de s’internationaliser. Le travail s’appuie également sur les précédents rapports d’associations et institutions qui ont largement couvert l’état des lieux des carences à combler.
L’essentiel des résultats et surtout les orientations développées dans ce cadre cherchent à renforcer les dimensions de la gouvernance, du marché, la professionnalisation, l’internationalisation et la numérisation. L’ensemble de ce travail il ressort en conclusion que 6 axes structurants méritent une attention particulière comme par exemple la réforme du BMDA et la gestion des droits d’auteur. «La reconnaissance, la structuration et le développement des ICC repose en grande partie sur la question des droits d’auteurs et droits voisins, qui demeurent l’un des maillons les plus faibles de la chaîne de valeurs au Maroc. Cette réforme a beaucoup tardée puisque le BMDA est sans statut juridique précis depuis 1965 (date du décret qui l’a crée) et que la nature de la diffusion des produits créatifs a beaucoup évolué, notamment à l’ère du digital. La réforme telle que nous la souhaitons devrait être basée sur la bonne gouvernance de cette entité chargée de gérer la répartition des droits des auteurs et des droits voisins. En effet, la répartition des droits collectés devrait être transparente au sens où elle devrait être accompagnée par exemple d’une fiche qui détaille la nature de la collecte (l’organe qui a diffusé l’œuvre, nombre de passages…), ce qui entraînerait une mise à disposition de données utiles autant pour l’artiste que pour les producteurs et les annonceurs (taux d’audience d’un artiste …). Par ailleurs, il faut aussi souligner qu’il faut se donner les moyens humains pour s’assurer de la protection des œuvres intellectuelles (lutte contre le piratage des films, des musiques mais également des ouvrages littéraires)» souligne Mme Tazi.
Cette occasion a été le résultat d’une première réflexion qui pourra bien faire avancer les choses. « Les retours sont très positifs quant à la qualité du travail réalisé, l’analyse des sujets et les propositions avancées. Il faut souligner que c’est un sujet d’actualité car il y a une prise de conscience de l’importance des ICC, des opportunités qu’elles représentent en terme de création de richesses, d’emplois et de rayonnement. Le défi aujourd’hui est de consolider déjà ce qui est à la base d’une politique culturelle, à savoir déjà que la défense du patrimoine et la promotion de l’art, mais également la démocratisation de l’accès à la culture, et de passer à une approche moderne, générique basée sur les synergies, la professionnalisation et la création d’un marché. D’autant plus que les bouleversements auxquels sont confrontées plusieurs filières avec l’accélération du digital indiquent que les instruments de politique publique ne sont plus adaptés aux défis de notre époque» conclut la présidence de la FICC.