A l’heure où la France soulève bien des questions sur le non-respect des droits de l’Homme (notamment d’instances internationales dont le Conseil de l’Europe pour usage exagéré de la force par les autorités pendant l’exercice des droits civiques et politiques de ses citoyens) ses manquements dans la lutte globale contre le terrorisme continuent d’inquiéter.
Le 17 avril dernier, l’Assemblée générale de l’ONU a publié un document reprenant un communiqué soumis par The Institute for Protection of Women’s Rights (IPWR), organisation non gouvernementale dotée d’un statut consultatif spécial dans le cadre de la 52ème session du conseil des droits de l’Homme. Ce communiqué insiste lourdement sur le danger grandissant et global que constitue le non rapatriement des enfants de parents français affiliés à ISIS dans les camps syriens depuis 2019. Il a été distribué conformément à la résolution 1996/31 du Conseil économique et social.
IPWR rappelle que les terroristes d’ISIS qui cherchent à se reconstruire ciblent principalement les enfants qui vivent dans ces camps pour les enrôler. L’ONG insiste sur le fait que les preuves apportées montrent que les terroristes de l’ISIS font passer clandestinement des enfants des camps, en particulier du camp de réfugiés « Al Houl » dans le nord-est de la République arabe syrienne, et organisent des cours d’entraînement à leur intention.
L’IPWR précise dans son courrier qu’entre 610 et 680 enfants de citoyens de l’UE, dont le tiers est Français se trouvent actuellement retenus en otage avec leurs mères dans les camps de Roj et d’al-Hol, dans le nord-est de la République arabe syrienne.
Le fait que la France n’ait toujours pas rapatrié ces enfants, dont les deux tiers sont âgés de moins de six ans, suscite de vives critiques de la part d’autorités chargées des droits de l’homme telles que le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, le Comité des droits de l’enfant, Human Rights Watch, Amnesty International et la Cour européenne des droits de l’homme, insiste IPWR.
Depuis le début de l’année 2021, environ 62 enfants sont morts dans les camps parce que, selon les rapports, ils vivaient dans des conditions sanitaires inhumaines et n’avaient pas accès aux besoins fondamentaux, notamment l’eau, la nourriture et les soins de santé. La France, estime l’Institut pour la protection des droits des femmes (IPWR), a violé les droits des enfants français en raison des conditions inhumaines et déplorables qui règnent dans les camps syriens.
L’ONG demande instamment au Haut Commissaire aux droits de l’Homme et au Représentant spécial du Secrétaire général pour la violence à l’encontre des enfants de suivre la question de la violence à l’encontre des enfants et de rappeler à ses États membres d’intensifier les efforts de rapatriement, en particulier dans les pays européens.
La France devra quoiqu’il en soit y répondre. Il s’agit d’un drame humain concernant des mineurs et leurs droits, ainsi que sécuritaire.
La situation globale des droits de l’Homme de la France sera examinée dans le cadre du 4ème cycle de l’Examen périodique universel (EPU), organe du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH), lundi 1er mai 2023. Le cas de ces enfants n’est pas soulevé dans les questions adressées en avance à ce pays par les membres, contrairement à celles de la violence policière dans les manifestations.
Cependant, cette question resurgit avec acuité puisqu’elle menace les droits des enfants en même temps que la sécurité globale. Elle met de nouveau sous les feux de la rampe une France qui se positionne en chantre de la lutte anti-terroriste mais au bilan opérationnel bien plus mitigé puisqu’elle abandonne au danger de recrutement terroriste des enfants non responsables du jihadisme de leurs parents français et qu’elle est également tenue responsable pour la dégradation de la situation au Sahel par les pays concernés.