Jeudi noir notamment dans les transports, J-1: cheminots, enseignants, étudiants, policiers, avocats s’apprêtent à se mobiliser à l’appel de plusieurs syndicats et partis d’opposition contre la future réforme des retraites, que l’exécutif se dit déterminé à mener à son terme.
Les syndicats opposés au futur système universel de retraites remplaçant les 42 régimes existants manifestent massivement ce décembre. Ceux des cheminots, qui appellent à un mouvement illimité, promettent une démonstration de force jeudi et probablement au-delà. Au siège de la SNCF, on envisage que le mouvement dure jusqu’au 12 décembre, date autour de laquelle le Premier ministre Édouard Philippe devrait préciser les contours de la réforme.
Depuis le sommet de l’OTAN à Londres, le président Emmanuel Macron a prévenu mercredi: « j’aurai à m’exprimer devant les Français au moment où je le considèrerai opportun, et je le ferai depuis Paris ». D’après la SNCF, 90% des TGV et 80% des TER seront annulés jeudi, la RATP prévoyant un trafic « extrêmement perturbé » avec 11 lignes de métro fermées.
Face à cette situation, le gouvernement tente une riposte. Une « cinquantaine » de « cars Macron » pourraient proposer un service alternatif de transports à Paris et dans ses proches banlieues nord et sud, a annoncé le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
Dans le ciel, Air France a annulé 30% de ses vols domestiques, 15% des moyens-courrier, et EasyJet 233 vols intérieurs et moyen-courrier.
Côté service public, les profs ne seront pas en reste: selon le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, le taux de grève devrait atteindre 55% dans les écoles (78% à Paris), et seules « 30% des écoles pourront assurer » un service minimal d’accueil. Selon lui, la moitié des enseignants en collège-lycée feront également grève. Une participation que les syndicats évaluent plutôt à 70% dans le primaire, 60% dans le secondaire.
Les services sanitaires se sont quant à eux « préparés » pour garantir la continuité des soins, a assuré la ministre de la Santé Agnès Buzyn. En Île-de-France, les soignants pourront par exemple dormir dans leur hôpital, dont les éventuels grévistes pourront être assignés. Mais les arrêts de travail et les difficultés de déplacement n’épargneront pas les autres secteurs, en témoignent les fermetures de musées ou de théâtres déjà annoncées ou la non-parution de la plupart des quotidiens.
Le mécontentement s’exprimera aussi dans la rue, avec 245 manifestations partout en France, selon le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui s’attend à la présence de « quelques centaines » de « black blocs » et de « gilets jaunes radicaux » dans le cortège parisien, « peut-être quelques milliers » dans le pays.
A Paris, la préfecture de police a décidé de la fermeture de tous les commerces sur le parcours de la manifestation organisée par la CGT, FO, FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse, entre la gare de l’Est et Nation. Dans un contexte social tendu, l’exécutif a enchaîné les réunions, dont un séminaire gouvernemental dimanche à Matignon. Le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye a accéléré le tempo pour revoir tous les syndicats avant jeudi. Il doit soumettre ses propositions lundi ou mardi.
La fermeté prime, Emmanuel Macron ayant prévenu qu’il ne « renoncerait pas » à sa promesse de campagne, quand Édouard Philippe se dit « plus déterminé que jamais ».






