La reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara est une grande réussite diplomatique pour le Royaume. Selon plusieurs spécialistes, différents pays devront emboîter le pas aux Etats-Unis.
Dans un éditorial rédigé par François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, ce dernier affirme que le conflit artificiel autour du Sahara marocain « vient de subir un trauma salutaire sur la scène internationale : l’entrée dans une logique de solution ». Il se demande ainsi si la France suivra l’exemple américain étant donné qu’elle « considère depuis longtemps le plan d’autonomie marocain comme une base de discussions sérieuse et crédible ».
Le journaliste français spécialiste de l’Afrique rappelle ainsi que la France est l’un des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, suivie par la Grande-Bretagne, qui a exprimé à maintes reprises son soutien au plan d’autonomie marocain. Il ajoute que « le pas supplémentaire qui permettrait à des ministres français de se rendre officiellement au Sahara marocain et à l’ambassade de France d’ouvrir un consulat à Laâyoune ou à Dakhla se heurte toujours à un obstacle de taille : Paris sait qu’une telle décision serait considérée par Alger comme un casus belli diplomatique« . Il souligne dans ce sens que « le gouvernement algérien a sur la France des moyens de pression efficaces, alors qu’il n’en possède pas, ou peu, vis-à-vis des États-Unis ».
Dans son éditorial, François Soudan tient également à appuyer que l’hypothèse de l’annulation de la reconnaissance par les USA de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, après l’installation de la nouvelle administration de Joe Biden à la Maison-Blanche le 20 janvier, est « peu probable » et ce, grâce à la politique clairvoyante du Monarque et sans oublier « le fait que le futur secrétaire d’État Antony Blinken est considéré comme un ami du Maroc (…) Le tout avec l’appui du lobby juif américain, aussi influent auprès des démocrates que des républicains ».
En outre, insiste-il, « Joe Biden ne pourra pas revenir sur l’une des deux annonces sans mettre l’autre en péril. Pour Rabat c’est du gagnant-gagnant ». S’agissant de la décision du Maroc de reprendre ses mécanismes de coopération avec Israël, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique note que le Maroc renoue avec l’état des relations qui prévalait entre les deux pays jusqu’en 2002.
Il indique aussi que « les touristes israéliens n’ont jamais cessé d’entrer au Maroc avec leurs passeports (ils étaient 70 000 en 2019). Quant aux bureaux de liaison israéliens à Rabat et marocains à Tel-Aviv, ils ont été entretenus et leurs loyers régulièrement payés ». Il rappelle dans ce cadre « la permanence d’une petite communauté juive au Maroc, où la Constitution reconnaît la part d’héritage hébraïque enseigné dans les manuels scolaires, ainsi que la présence dans l’État hébreu de plus d’un million de citoyens d’origine marocaine (18 % de la population et six ministres au sein de l’actuel gouvernement) ».
« Dans ce Royaume dont le souverain est le Commandeur de tous les croyants (et pas seulement des musulmans), les juifs ont leurs cimetières, leurs synagogues et leurs musées. Une spécificité dans le monde arabe. Les mots ayant un sens, contrairement à son homologue algérienne, la diplomatie du royaume n’a d’ailleurs jamais usé de la périphrase « entité sioniste » pour qualifier Israel, tout en ne cessant de proclamer son attachement à une solution à deux États », détaille-t-il.
Enfin, François Soudan fait observer qu’à chacun ses intérêts et ses priorités. « Celles d’un Donald Trump en fin de cycle étaient de conclure son mandat sur un succès diplomatique susceptible (…) Celles du Roi Mohammed VI, d’obtenir une reconnaissance décisive de la validité de ce que les Marocains considèrent comme une cause nationale », conclut-il.