Alors que l’Espagne dit «reconnaître l’effort que fait le Maroc, qui souffre d’une pression migratoire» en évoquant la «solidarité» dont doivent faire preuve selon lui l’Espagne et l’Europe à l’égard du royaume, l’Algérie continue de nourrir ses obsessions antimarocaines.
Le 24 juin, au moins vingt-trois migrants africains ont péri lors de la tentative de quelque 2 000 personnes d’entrer par la force dans Melilla, selon les autorités marocaines. Amar Belani, l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara au ministère algérien des affaires étrangères, n’a pas hésité à commenter l’événement, avec des mots qui confinent à l’absurde : «Les migrants qui ont assailli Melillia ont été acheminés par la Royal Air Maroc», a-t-il indiqué au journal Echourouk, au moment où des médias espagnols indiquent qu’il s’agit d’une attaque violente, avec des hommes «armés», et d’un événement orchestré par les «mafias», très actives dans les frontières algériennes.
Les propos de Amar Belani ne sont pas une exception. Les cas innombrables où l’ignorance de la logique, l’emploi de déclarations irrationnelles et l’absence de réflexion ont poussé les dirigeants algériens à vicier la réalité, alors que des ONG algériennes et internationales ont souvent accusé les autorités algériennes d’interpeller arbitrairement et d’expulser de manière très brutale des ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, parfois en les abandonnant sans eau ni nourriture en plein désert. L’Algérie, qui ne dispose même pas de législation en matière d’asile, fait l’objet d’enquêtes accablantes de l’Organisation internationale des migrations.
Ce n’est pas la première fois que les dirigeants algériens font une fixation sur l’opérateur national. Intervenant, en 2017, lors de l’université d’été du Forum des chefs d’entreprise (FCE), l’ancien ministre algérien des affaires étrangères, Abdelkader Messahel, avait mentionné la montée en puissance des investissements marocains sur le continent, ces dernières années, avec des propos très douteux sur les activités bancaires marocaines.
«La Royal Air Maroc [compagnie publique marocaine] transporte autre chose que des passagers, et cela tout le monde le sait. On n’est pas le Maroc », a-t-il déclaré, provoquant la colère de Rabat, qui a qualifié ces propos comme issus «d’un niveau d’irresponsabilité sans précédent dans l’histoire des relations bilatérales» et «témoignent d’une ignorance aussi profonde qu’inexcusable des normes élémentaires du fonctionnement du système bancaire et de l’aviation civile». « Ces déclarations sans fondement ne sauraient porter atteinte à la crédibilité ni au succès de la coopération […] avec les pays africains », a encore souligné Rabat, avant de cibler à son tour Alger. « Ces allégations mensongères ne peuvent justifier les échecs ou cacher les véritables problèmes économiques, politiques et sociaux de ce pays », a ainsi fustigé le ministère marocain.Lire aussi Le Maroc à la Cédéao, une adhésion loin de faire l’unanimité
Dans un communiqué diffusé dans la foulée, la Royal Air Maroc, s’est dite «scandalisée par les allégations calomnieuses» du désormais ancien chef de la diplomatie algérienne, se targuant d’être une «compagnie internationalement reconnue». Les banques marocaines ont elles aussi réagi aux «allégations graves et mensongères» de M. Messahel. Dans un communiqué diffusé à cette occasion, le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBN) a affirmé que le «secteur bancaire marocain est cité comme référence dans la région MENA [Moyen-Orient et Afrique du Nord] et en Afrique par sa solidité, ses performances et son respect des règles prudentielles les plus avancées».