La ville de Casablanca connaît un processus d’urbanisation accéléré, la démographie est galopante et les modifications économiques, sociaux et politiques ont des incidences considérables sur le volume des déchets urbains qui sont produits quotidiennement et qui sont en constante augmentation. Les autorités publiques ont de grandes difficultés à les contenir et à les éliminer, comme en témoigne le spectacle des détritus qui jonchent le bord des rues et l’amoncellement des déchets dans des décharges sauvages.
Aujourd’hui, Casablanca arrive à une situation de crise puisque les effets des ordures sur l’environnement et sur la santé des habitants sont de plus en plus manifestes. La gestion des déchets demeure l’un des maillons faibles de la gestion des services urbains dans la métropole.
Le secteur de la gestion des déchets à Casablanca a été longtemps laissé pour compte. Cette situation est due aux contraintes institutionnelles et juridiques, liées essentiellement à l’absence de vision à long terme et de prescriptions réglementaires encadrant les modalités de gestion de ce secteur et les rôles de chacun des acteurs concernés, notamment en ce qui concerne les déchets ménagers.
Les contraintes financières affectent aussi la gestion optimale des déchets. Le nombre insuffisant de véhicules, de personnels, de conteneurs, rend difficile le développement d’un principe de recouvrement des coûts. Les contraintes techniques, elles, sont liées spécifiquement à l’inadaptation et aux carences des moyens matériels déployés pour la collecte et le transport des déchets, à l’absence de prescriptions techniques claires et de normes de contrôle du processus du système de gestion des déchets (collecte, transport, transfert, traitement…), mais aussi aux méthodes de rejet des déchets qui ne répondent pas aux normes en vigueur. Sans omettre la problématique des décharges sauvages, non maîtrisées et souvent mal situées qui constituent un véritable défi de santé publique. De plus, ces décharges sont souvent installées à proximité des zones d’habitat ce qui engendre des odeurs nauséabondes.
Malgré les efforts entrepris pour moderniser le secteur à travers une série de réformes, il n’en demeure pas moins que la gestion des déchets reste confrontée à plusieurs difficultés, comme l’insuffisance d’études préalables et de préparation en amont pour mener à bien les réformes décidées, ainsi qu’à l’absence d’études prospectives, en termes de densité de population, de tissu urbain, de maîtrise des coûts, de terrain.
Février 2019, les deux compagnies internationales Averda et Derichebourg ont été designées pour assurer la propreté de Casablanca durant les sept prochaines années. La première s’occupera des arrondissements de Hay Hassani, Aïn Chock, Roches noires, Hay Mohammadi, Sidi Bernoussi, Aïn Sebaa, tandis que Derichebourg prendra en charge les arrondissements d’Anfa, Sidi Belyout, Maârif, Mers Sultan, Al Fida, Moulay Rchid, Ben M’sik. Ces partenariats, quoique prometteurs, soulèvent le problème des pouvoirs publics à gérer et à opérer des contrats avec le privé : plusieurs divergences sur les objectifs des contrats ont été, par le passé, la source de conflits entre les deux parties. Pour les délégataires, il s’agit de contrats de service et pour les autorités ce sont des contrats de qualité. L’incivilité des habitants qui se traduit par la dégradation et la mal utilisation des bacs à poubelle reste un souci majeur.
Au fond, la société civile réclame des dispositifs législatifs et opérationnels adéquats en terme de qualification, de ressoudes matérielles et de logistique. L’absence de politique locale fédératrice de gestion des déchets faisant l’objet de suivi et d’évaluation est toujours évoquée. La gestion de la propreté à Casablanca demeure fragmentée ce qui rend le service inefficient. Une autre difficulté, et non la moindre, consiste les lacunes dans les modes d’exécution, la formation et dans les compétences requises pour une bonne gestion de ce secteur.






